Curieux comme tous nos
chiens truffiers continentaux, celles et ceux du Monde, de l'Express, du Point
(je n'ai pas assez de place pour tous les citer) frémissent d'aise dès que la
moindre crapulerie s'exerce en France mais perde leur odorat quand l'équivalent
arrive "là-bas". L'acharnement mis sur le domaine de Murtoli voire sur
les abus de biens sociaux de la SMS ne trouve par leur équivalence lorsqu'il
faut fouiner du côté des grands de ce monde. Un exemple un seul :
l'affaire de Relais et Châteaux.
Jaume Tapies :
l'actuel président de Relais et Chateaux a signalé avoir été approché par
l'ancien Premier ministre Villepin qui lui aurait demandé de retirer sa
plainte. Un tel fait aurait eu lieu en Corse que n'aurait-on entendu ?
Mafia, omertà etc.
Un ancien premier ministre
Voici ce que révèle le
président de la chaîne hôtelière Relais & Premier ministre Dominique de
Villepin, dans un entretien au "Journal du Dimanche" ce 28
octobre.
Jaume Tapies, qui a siégé
pendant treize ans au conseil d'administration de la chaîne d'hôtels de luxe
avant d'en prendre la direction en novembre 2005, estime avoir été berné par
celui qu'il appelle "Machiavel-Bulot".
"Personne n'aurait pu
imaginer qu'il avait un compte suisse, puis un compte aux Bahamas, et qu'il participait
au pillage de l'association (gérant la chaîne) avec des fonds en espèces,"
plaide-t-il dans cette première interview depuis que scandale a éclaté au grand
jour.
L'hebdomadaire rappelle
que la justice enquête notamment sur un système de "nuitées gratuites"
offerte à des personnalités dans des Relais & Châteaux.
"Pour ces
'personnalités', il devait effectivement y avoir une liste, mais nous ne
l'avons jamais trouvée. La seule personne qui en avait connaissance était Régis
Bulot. J'ai changé ce système", assure Jaume Tapies.
Quand un Premier ministre
intervient pour un homme soupçonné d'un crime
Il indique par ailleurs
avoir été approché par Dominique de Villepin, un ami de Régis Bulot, à la fin
2009, pour lui demander de laisser tomber.
"Via un membre de
l'association, Dominique de Villepin m'a fait savoir qu'il voulait me
rencontrer. Nous avons convenu d'un déjeuner. J'ai aussitôt prévenu les
gendarmes, qui m'ont conseillé de ne pas y aller seul ni avec quelqu'un de ma
famille. Je m'y suis rendu avec mon secrétaire général".
"M. de Villepin a dit
d'emblée qu'en tant qu'ancien Premier ministre, il s'était renseigné, qu'il
avait appelé les gendarmes, et que le dossier était vide. Il a ajouté qu'un
président ne devait pas attaquer un autre président, et que cela mettait ma
carrière en péril", raconte le responsable.
"Il était clair qu'il
voulait que j'arrête, que je retire la plainte. J'ai essayé de lui expliquer
qui était vraiment son ami Régis Bulot, mais il avait l'air de ne pas y croire.
Qu'un ancien Premier ministre fasse cette démarche me choquait. J'avais devant
moi un ancien Premier ministre dont l'ami était à mes yeux un voyou et qui me
demandait de laisser tomber cette affaire".
Un rapport accablant
Jaume Tapies révèle que
l'escroquerie de Régis Bulot ne se limitait pas à des surfacturation du papier
servant à imprimer les guides de la chaîne, mais aussi sur les opérations
préalables à leur impression.
"Le rapport m'a été
remis récemment et il est accablant. Certaines années, les surfacturations dans
ce seul secteur atteignaient 400.000 euros. Nous avons des preuves que ce
système existait depuis 1997. Je viens d'adresser ce rapport aux enquêteurs et
ils pourront se pencher sur cette nouvelle piste".
"En réalité, c'est
toute la chaîne de réalisation du guide qui était pipée. Globalement, j'estime
qu'un million d'euros par an partait en fumée, soit environ 30 % de tout
ce qui était facturé à Relais & Châteaux pour le guide annuel", estime
le responsable.
Ce n'est pas tant le fait qui est choquant (bien
que…). Le plus dérangeant est l'écart entre le discours et les faits. La France
qui se pique à tout instant de montrer l'exemple au monde (ah le modèle
républicain ! En France on pense, on dort, on bouffe et on chie républicain) ne
paraît guère exempte de défaut au point d'être classée à la 25e place par
Transparency International.
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