lundi 30 avril 2012

Comment vivre sans devenir un prédateur

Étant Corse j'ai été habitué à réfléchir d'une manière méditerranéenne c'est-à-dire en fonction du groupe contre la collectivité et de manière individuelle contre le groupe mais de manière cachée. Les Méditerranéens sont issus d'un monde fermé vers le centre et pourtant ouvert vers l'extérieur. D'une manière centripète nous nous enfermons sur nous-mêmes et ce mouvement nous mène au conflit intérieur. C'est là la force d'attraction la plus importante en Méditerranée. Mais cette règle générale est combattue par le désir de l'homme de connaître autre chose et partir loin du centre du maëlstrom où nous nous engloutissons; Si nous possédons la force de nous arracher à cette attraction, nous sommes capables d'aller jusqu'aux confins de l'univers.


L'homme méditerranéen croit au rapport de force comme il croit au destin. En ce sens il est très nietzchéien. Voici ce que Nietzche a écrit dans "Par-delà le bien et le mal" sur ce qu'il pense être la nature profonde l'homme et qui, en fait, n'est que son animalité.

 "Il faut aller ici jusqu'au tréfonds des choses et s'interdire toute faiblesse sentimentale : vivre, c'est essentiellement dépouiller, blesser, violenter le faible et l'étranger, l'opprimer, lui imposer durement ses formes propres, l'assimiler ou tout au moins (c'est la solution la plus douce) l'exploiter ; mais pourquoi employer toujours ces mots auxquels depuis longtemps s'attache un sens calomnieux ? Le corps à l'intérieur duquel, comme il a été posé plus haut, les individus se traitent en égaux - c'est le cas dans toute aristocratie saine - est lui-même obligé, s'il est vivant et non moribond, de faire contre d'autres corps ce que les individus dont il est composé s'abstiennent de se faire entre eux. Il sera nécessairement volonté de puissance incarnée, il voudra croître et s'étendre, accaparer, conquérir la prépondérance, non pour je ne sais quelles raisons morales ou immorales, mais parce qu'il vit, et que la vie, précisément, est volonté de puissance. Mais sur aucun point la conscience collective des Européens ne répugne plus à se laisser convaincre. La mode est de s'adonner à toutes sortes de rêveries, quelques-unes parées de couleurs scientifiques, qui nous peignent l'état futur de la société, lorsqu'elle aura dépouillé tout caractère d' "exploitation". Cela résonne à mes oreilles comme si on promettait d'inventer une forme de vie qui s'abstiendrait de toute fonction organique. L' "exploitation" n'est pas le fait d'une société corrompue, imparfaite ou primitive ; elle est inhérente à la nature même de la vie, c'est la fonction organique primordiale, une conséquence de la volonté de puissance proprement dite, qui est la volonté même de la vie. à supposer que ce soit là une théorie neuve, c'est en réalité le fait primordial de toute l'histoire, ayons l'honnêteté de le reconnaître."

La question fondamentale pour l'homme est donc de savoir s'il est possible de vivre sans tuer, détruire et faire souffrir. Le philosophe indien Krishnamurti y a répondu en 1984 lors d'une émission radiophonique.

 "Un auditeur : Comment peut-on vivre sur cette terre sans lui porter atteinte ou détruire sa beauté , sans apporter la souffrance et la mort aux autres ?

Krishnamurti : Vous êtes-vous jamais posé cette question ? Véritablement ? Pas en théorie, mais véritablement, vous êtes-vous posé cette question, lui avez-vous fait face ? Ne la fuyez pas, n'expliquez pas que la souffrance est nécessaire, et tout le reste, mais regardez-la, affrontez-la. Vous êtes-vous jamais posé une telle question ? Pas en masse, pas pour faire une manifestation contre un politicien qui veut détruire un parc national, ou pour telle ou telle cause.

    Pour se poser une telle question, il faut qu'elle vous consume, que ce soit quelque chose de considérablement important, pas une question fantaisiste pour passer le temps. 

Vivre sur cette terre avec son extraordinaire beauté sans la détruire; pour mettre fin à la souffrance, pour ne pas tuer un autre être humain, pour ne pas tuer une chose vivante. 

Il existe une secte en Inde dont le seul moyen de déplacement est la marche. Ils ne prennent ni le train, ni l'avion ni aucun véhicule et ils portent un masque pour ne pas tuer in insecte en respirant. Quelques membres de ce groupe sont venus voir l'orateur, ils ont marché pendant treize cents kilomètres. Et ils ne veulent pas tuer. 
Il y a aussi ceux qui veulent tuer : tuer pour le sport, tuer pour s'amuser, tuer pour le profit - toute l'industrie de la viande, ceux qui détruisent la terre, rejettent des gaz empoisonnés, polluent l'air, l'eau et polluent les autres. C'est bien ce que nous faisons à la terre et aux autres. Peut-on vivre sur cette terre avec cette grande beauté et ne pas apporter la souffrance et la mort aux autres ? C'est une question très, très sérieuse. 
Vivre une vie qui ne provoque pas la souffrance ou la mort des autres. Cela signifie ne pas tuer un être humain et aussi ne pas tuer les animaux pour se divertir ou pour manger. Comprenez-vous tout cela ? Telle est la question. 
Il y avait en Inde, une catégorie de gens qui ne mangeaient jamais de viande. Ils pensaient qu'il était mauvais de tuer. On les appelait alors les brahmanes. La civilisation occidentale ne s'est jamais posé la question de savoir s'il est juste de tuer, s'il est justifié de tuer une chose vivante. Le monde occidental a détruit des races entières. D'accord ? L'Amérique a détruit les Indiens, elle les a anéantis car elle voulait leur terre et tout le reste. Pouvons-nous vivre sur cette terre sans tuer, sans guerre ? Je peux vous répondre mais, à quoi cela vous servira-t-il si vous tuez ? 
Si vous êtes contre la guerre, comme certains êtres humains, moi y compris, le sont et contre le fait de tuer d'autres hommes, quelle qu'en soit la raison, alors vous ne pouvez même plus poster une lettre ! Le timbre, la nourriture que vous achetez, une partie de ce que vous payez va à la défense, à l'armement. Si vous achetez de l'essence, une parti du prix y va aussi etc., etc. 
Alors que faire ? Si vous ne payez pas les taxes vous aurez des amendes ou vous irez en prison. Si vous n'achetez pas de timbres ou d'essence, vous ne pourrez pas écrire ou voyager. Alors vous vous isolerez et vivre de cette façon semble plutôt futile. Alors que faire ? Allez-vous dire : "Je ne voyagerai pas, je n'écrirai pas ? " Puisque tout cela contribue à soutenir l'armée, la marine et les armements - vous suivez ? -, tout ce racket. Ou bien voulez-vous approcher ce problème de façon différente ? Pourquoi tuons-nous ? Les religions, surtout le christianisme, ont tué énormément de gens. Elles ont torturé des gens, les ont traités d'hérétiques et les ont brûlés. Vous connaissez toute cette histoire. Les musulmans ont fait la même chose. Les hindous et les bouddhistes sont probablement les seuls qui n'ont pas tué - leur religion l'interdit.
Comment vivre sur cette terre sans tuer ou faire souffrir un autre ? Approfondit réellement cette question est un processus très, très sérieux. Est-ce que c'est cette qualité d'amour qui répond à cette question ? Si vous aimez un autre être, êtes-vous prêt à le tuer ? Allez-vous tuer, à part ce dont vous avez besoin pour vous nourrir, des légumes, des noix, etc., à part cela, allez-vous tuer ? 
Approfondissez toutes ces questions et vivez avec, pour l'amour du ciel, ne vous contentez pas d'en parler. Ce qui divise le monde, ce sont les idéaux, l'idéologie d'un groupe contre celle d'un autre, cette division apparemment éternelle entre l'homme et la femme, etc. On a essayé de jeter un pont avec la logique, la pensée, la raison, à l'aide de différentes institutions, fondations et organisations, et on n'a absolument pas réussi. C'est un fait. Le savoir n'a pas non plus résolu ce problème - le savoir dans le sens d'une expérience accumulée, etc. Et la pensée n'a certainement pas résolu ce problème. 
Il n' y a donc qu'une possibilité pour sortir de là : découvrir ce qu'est l'amour. L'amour n'est pas le désir, l'amour n'est pas la possession, l'amour n'est pas une activité égoïste, égocentrique - moi d'abord et toi après. Mais apparemment, cet amour n'a pas de signification pour la plupart des gens. Ils peuvent écrire des livres sur ce sujet, mais cela n'a pas de sens, alors ils essayent d'inventer cette qualité, ce parfum, ce feu, cette compassion. Et la compassion a sa propre intelligence, qui est l'intelligence suprême. Quand il y a cette intelligence née de la compassion, de l'amour, alors tous ces problèmes sont résolus simplement, tranquillement mais nous ne poursuivons jamais jusqu'à son terme. Nous pouvons la poursuivre intellectuellement, verbalement, mais si vous le faites avec votre coeur, avec votre esprit, avec votre passion, alors la terre restera belle. Et il y a alors un grand sentiment de beauté en soi".



Savoir vivre sans violence et en pratiquant le pardon est un exercice difficile qui demande autrement plus de courage que de vivre de la violence et dans la haine. Ce n'est pas simplement une question de morale. C'est une affaire de bon sens. Que tous nos compatriotes qui ont vécu par la violence et qui voient aujourd'hui leurs enfants partir en prison ou mourir sous les balles se posent honnêtement la question. Non pour se livrer à un inutile repentir mais pour briser la chaîne du malheur. 


D'un autre côté, que ceux qui croient que restant passifs,  les forces de répression résoudront le problème de la violence en Corse déchantent. Celles-ci règleront des problèmes ponctuels mais leur action ne mettra pas fin au mal. Lorsqu'elles tranchent une branche (ce qui est nécessaire) elles permettent à une branche en devenir à percer. La solution de la violence corse est dans la capacité des Corses à se mobiliser pour y mettre fin.

Violence ou non-violence selon Gandhi


"Je n'hésite pas à dire que là où le choix existe seulement entre la lâcheté et la violence, il faut se décider pour la solution violente. Ainsi, mon fils aîné m'a demandé ce qu'il aurait dû faire s'il avait été témoin de l'attentat qu'il faillit me coûter la vie en 1908 : fallait-il s'enfuir et me laisser assassiner ou recourir à la force physique pour me venir en aide. Je luis répondis qu'il eut été de son devoir de me défendre, au besoin pas la violence. Cette explication n'est pas sans rapport avec ma participation à la Guerre des Boers puis à ce qu'on a appelé la révolte des Zoulous et enfin à la première guerre mondiale. C'est pour la même raison que je recommande l'entraînement militaire à ceux qui ne croient  qu'à la violence. J'aimerais mieux que l'Inde défendit son honneur pas la force des armes plutôt que de la voir assister lâchement et sans se défendre à sa propre défaite.

    Mais je n'en crois pas moins que la non-violence est infiniment supérieure à la violence et que la clémence est autrement plus noble que le châtiment. Le pardon est la parure du guerrier. Mais l'absence de violence ne signifie clémence que s'il y a possibilité de punir. Elle se trouve au contraire dénuée de toute signification dès lors qu'on n'a aucun moyen pour riposter. L'idée ne nous viendrait pas que la souris est clémente parce qu'elle se laisse dévorer par le chat".

 "La non-violence est un principe universel qui doit triompher même dans l'adversité. C'est précisément lorsqu'elle doit affronter un milieu hostile qu'on peut mesurer son efficacité. Notre non-violence ne rimerait à rien si son succès devait dépendre du bon vouloir des autorités en place....
    
On ne peut pas être vraiment non-violent et rester passifs devant les injustices sociales.
  
La résistance passive est une méthode qui permet de défendre tout droit qui se trouve menacé en faisant retomber sur soi les souffrances qui peuvent en résulter. C'est le contraire de la résistance armée. Quand je refuse de faire une chose qui répugne à ma conscience, je fais appel à la force de l'âme. Supposons que le gouvernement fasse passer une loi qui m'atteint dans certains de mes intérêts. Si je recours à la violence pour faire abroger la loi, j'emploie ce qu'on peut appeler la force du corps. Si au contraire, je n'obéis pas à la loi tout en acceptant d'encourir les sanctions prévues, je mets en oeuvre  la force de l'âme, ce qui suppose le sacrifice de soi...
    
Une série d'expérience qui s'étendent sur ces trente dernières années dont les huit années en Afrique du Sud) me confirme que l'avenir de l'Inde et du monde tient à l'adoption de la non-violence. c'est le moyen le plus inoffensif et le plus efficace pour faire valoir les droits politiques et économiques de tous ceux qui sont opprimés et exploités. La non-violence n'est pas une vertu monacale destinée à procurer la paix intérieure et à garantir le salut individuel. Mais c'est une règle de conduite nécessaire pour vivre en société, car elle assuire le respect de la dignité humaine et permet de faire avancer la cause de la paix, selon les voeux les plus chers de l'humanité". 

 "D'un point de vue positif, l'ahimsa signifie un maximum d'amour, une charité parfaite. Si je suis non-violent, de dois aimer mon ennemi. Mon comportement vis-à-vis d'un malfaiteur doit être le même, qu'il s'agisse d'une ennemi étranger à ma famille ou de mon propre fils. L'ahimsâ, pour être efficace, exige l'intrépidité et le respect de la vérité. On ne saurait en effet no craindre ni effrayer celui qu'on aime. de tous les dons qui nous ont été faits, celui de la vie est sans doute le plus précieux. Celui qui faite le sacrifice de ce don désarme toute hostilité. il ouvre la voie de la compréhension mutuelle des adversaires et à un règlement honorable du conflit. Nul ne peut vraiment faire don de ce trésor, qui reste soumis à la peur. Il est impossible d'être à la fois lâche et non-violent. L'ahimsâ est synonyme de vaillance exemplaire.
     
Ayant renoncé à l'épée, je n'ai rien d'autre que la coupe de l'amour à offrir à mes adversaires. C'est grâce à cette offrande que je compte me rapprocher d'eux...
    
La non-violence ne consiste pas à s'abstenir de tout combat réel, face à la méchanceté. Au contraire, je vois dans la non-violence une forme de lutte plus énergique et plus authentique que la simple loi du talion qui aboutit à multiplier par deux la méchanceté. Contre tout ce qui est immoral, 'j'envisage de recourir à des armes morales et spirituelles. Je ne cherche pas à émousser le tranchant de l'arme que m'oppose le tyran en employant une lame encore plus aiguisée que la sienne. Je m'emploie à désamorcer le ressort du conflit en n'offrant aucune résistance d'ordre physique. Mon adversaire doit être tenu en respect par la force de l'âme. Tout d'abord il sera décontenancé, puis il lui faudra bien admettre que cette résistance spirituelle est invincible. S'il en convient, loin d'être humilié, il ressort de ce combat plus noble qu'auparavant. On peut objecter que c'est là une solution idéale. C'est tout à fait exact".

(Tous les Hommes sont Frères)


La SNCM, « patate chaude » du futur gouvernement


Les menaces sociales qui pèsent sur la compagnie maritime, qui assure le lien entre la Corse et l'Hexagone, risquent de provoquer un vaste mouvement social sur le port de Marseille.

ECRIT PAR
Paul MOLGA
Paul MOLGACorrespondant à Marseille

Les échos
L'avenir de la SNCM s'annonce comme l'un des dossiers sociaux parmi les plus brûlants de la rentrée. « Ce sera l'épreuve du feu »,estime une figure politique marseillaise. Ces derniers mois, la situation de la compagnie phocéenne, qui assure la continuité territoriale entre le continent et la Corse, s'est passablement compliquée après la décision des juges du tribunal administratif de Marseille de valider la demande d'annulation de son contrat déposée par Corsica Ferries, puis le vote consécutif de l'Assemblée de Corse limitant le périmètre de la nouvelle délégation de service public. Dans le meilleur des cas, la compagnie devra se séparer de deux navires et d'un tiers de ses effectifs, soit environ 800 personnes, peut-être dès septembre, selon la direction, qui évoque ouvertement l'hypothèse d'un vaste plan social. Dans le pire des cas, l'entreprise - historiquement liée à la continuité territoriale -devra mettre la clef sous la porte.
Sur le port, qui figure depuis l'après-guerre comme l'épicentre de la contestation sociale marseillaise, ces perspectives promettent un blocage aussi violent et mobilisateur que dans les pires années de grève. « On a tenu des mois pour quelques dizaines de postes. Que pensez-vous qu'il se passera si 800 de nos camarades perdent leur emploi ? » interroge un responsable syndical chez les dockers.
Avec la dernière annonce de Veolia de reprendre à son compte les 66 % codétenus dans la compagnie avec la Caisse des Dépôts, la grogne est encore montée d'un cran dans les rangs cégétistes de la compagnie. « Nous envisageons sérieusement de porter l'affaire au pénal pour dénoncer la collusion manifeste de nos directions, des actionnaires et de la collectivité corse pour détruire nos emplois »,s'énerve le secrétaire général des marins CGT, Frédéric Alpozzo.

L'Etat devra trancher

L'an passé à la même date, la direction avait dû supporter 47 jours de paralysie faute d'entente sur la stratégie de déploiement de la flotte, et perdu 13 millions d'euros dans le conflit. « Il n'est pas certain que Veolia ait les moyens de s'engager dans un nouveau bras de fer », analyse un observateur. L'Etat (actionnaire à 25 %), qui a la minorité de blocage avec les voix des salariés (9 %), devra alors nécessairement trancher.
« Nous avons au moins une autre possibilité, veut croire Frédéric Alpozzo : redéployer la flotte sur les marchés de l'Afrique du Nord qui recèlent d'un potentiel de transport de 5 millions de passagers après le printemps arabe. » Alerté par l'éventualité du retrait d'un de ses navires des quais marseillais au profit du port de Toulon, la compagnie Louis Dreyfus a annoncé sa volonté de mettre en place trois liaisons hebdomadaires vers Tunis sur un navire mixte récent. « Ce serait une erreur stratégique de lui laisser la place libre », estime la CGT.
Paul Molga , Les Echos

Mon commentaire : autant on peut et on doit comprendre la volonté de lutte de ceux qui risquent de perdre leur emploi autant la CGT devrait se poser une question toute simple : ne serait-ce pas son intransigeance et sa gigantesque capacité à croire que l'argent de la Corse doit lui servir avant de servir au service public qui a mené la SNCM droit dans le mur. En premier lieu, la SNCM est une compagnie privée qui, à ce titre, subit la loi de la concurrence. C'est évidemment un état différent de celui d'une compagnie maritime d'état qui bénéficiait du monopole de pavillon, un monopole colonial. Sans avoir la moindre complaisance envers les concurrents de la SNCM, j'avoue en avoir par dessus la tête des oukases marseillais qui profitent d'un argent destiné à l'origine à la Corse afin de faire baisser le coût de la vie. 
Lors d'un précédent conflit la CGT Marseille avait sans honte aucune accusé la Corse de préférence ethnique ce qui était une énorme imbécillité puisque parmi les marins corses il y avait évidemment des personnes de toutes origines. La vérité est que la CGT Marseille défend son bout de gras et interdit à tout autre d'en faire autant. 
La SNCM a été recapitalisé par l'état un nombre incroyable de fois jusqu'à ce que l'Europe l'interdise. La CGT Marseille aurait été bien inspiré plutôt que de s'entêter à vouloir conserver un état hérité de l'après-guerre d'imaginer un autre futur. Aujourd'hui, la Corse a le devoir de défendre ses emplois non pas ethniques mais territoriaux. 
Je crains évidemment les blocages à venir car j'en ai par dessus la tête d'être bloqué dans mon île. De telles actions ne manqueront pas d'aiguiser notre énervement et la solidarité risque fort de manquer si nous sommes tous pris en otage par les marins CGT de Marseille.

dimanche 29 avril 2012

La lutte contre la violence ne souffre pas d'exception


Hier, j'ai eu une conversation téléphonique avec une élue dont je ne partage pas les idées mais qui a fait preuve d'un beau courage contre la violence. Prise dans l'ambiance délétère du monde politique elle n'a pas poussé plus loin son offensive qui pourtant était selon moi la seule valable pour une élue : demander à ses collègues de montrer la voie en descendant dans la rue.

Lors de cette discussion téléphonique des plus sympathiques, elle m'a dit très gentiment ne pas avoir été d'accord avec les motifs de la grève de la faim que nous avions entamée, Pierre-Jean, Alain, Christian, Guy et moi, position que je peux comprendre bien que je continue de penser que sur le fond nous avions raison.

Au détour de l'échange, elle me glisse tout de même sa lassitude de constater que les Corses ne se mobilisent guère même s'ils montrent une exaspération devant la violence qui gagne. Et elle ajoute : "Je suis résolument contre la violence mais je ne sais pas comment je réagirais si on s'en prenait à l'un de mes proches." Le propos tenait tout à la fois d'une banalité regrettable (qui n'a pas entendu ce type de réflexion qui dieu merci dans la plupart des cas n'aboutit à rien) mais donnait cependant un éclairage édifiant sur notre situation. Cette jeune femme dont je ne pense le plus grand bien (ses idées politiques sont on ne peut plus honorables) est intelligente… sauf quand il s'agit de ce qu'elle possède de plus précieux. C'est ainsi que la violence nous gangrène. Peu nombreux sont ceux qui justifient la violence délinquante. Même les voyous disent se défendre (adoptant la défense préventive). Tous nous sommes pour les principes sauf quand ils nous dérangent. Nous sommes donc contre la violence à la condition qu'elle ne nous serve pas d'une manière ou d'une autre.

Eh bien, chère amie, je ne suis pas d'accord avec votre position. Nous avons conclu sur l'idée du pardon nécessaire. Sans pardon il n'est pas d'issue. Je n'ai pas toujours été convaincu de la justesse de la non-violence. Je n'ai aujourd'hui pas le moindre doute. La violence engendre la violence et finit par dévorer ceux qui la pratiquent mais aussi hélas ceux qui pensent rester neutres.

Il ne peut y avoir d'exception. La violence doit rester malgré toutes les injustices un pouvoir régalien.

Il y a déjà quatre ans… une marche contre un assassinat

La Corse enchaîne les marches contre la violence à l'occasion d'assassinats sans que cela paraisse endiguer le phénomène. Il y a quatre ans un enseignant était abattu dans la rue à Bastia vraisemblablement pour un détail. Jamais le tueur n'a été officiellement retrouvé. Et pourtant à l'époque l'évènement nous avait tous bouleversé.


Et je passe sur les rassemblements contre les attentats sur élus. J'ai l'impression que depuis des années et des années j'ai passé une partie de ma vie à témoigner en silence contre ce mal qui nous dévore de l'intérieur. Je continuerai parce qu'il m'est absolument impossible de vivre sur ma terre avec le sentiment que désormais un mot, un écrit, une attitude même peuvent mener  à la mort. Je ne veux pas que mes enfants apprennent la vie ainsi.


Mais je crois aussi que les élus portent une lourde responsabilité en ne rassemblant pas pour dire que cela suffit, en demandant aux Corses d'isoler les violents tous les violents et en leur apprenant calmement que désormais c'en est fini de l'impunité. Mais il faudra que ce coup de balai ait lieu du plus haut niveau politique insulaire au plus bas. Sinon il sera inutile.


Les assassins se nourrissent de notre manque de mémoire. Nous multiplions au coup par coup les protestations sans jamais les relier à notre propre manière de vivre. Je l'ai déjà écrit mais la fin de la violence passe nécessairement par l'apprentissage du pardon. Sans pardon, la violence aiguisée par les appétits consuméristes continuera et grandira. Qui peut croire que la croissance démesurée de l'immobilier ne va créer demain les mêmes conséquences qu'hier. J'habite une commune dont deux maires et dix citoyens ont été assassinés en une génération. Qui peut accepter un tel état de fait ?


Bastia Une marche anti-violence dans un impressionnant silence


    
Publié le mercredi 17 septembre 2008 à 19h15

Plusieurs centaines de personnes ont défilé ce mercredi dans un silence total à Bastia en souvenir du professeur des écoles Emmanuel Multedo, derrière Cécile, sa veuve, entourée des collègues de travail de son mari. L'enseignant avait été tué en pleine rue alors qu'il effectuait sa rentrée, le 8 septembre.
Le cortège, en tête duquel se trouvait Cécile, la veuve de l'enseignant, entourée des collègues de travail de son mari, a pris le départ peu avant 11h00 du haut de la ville, devant le palais de Justice, et a marché jusqu'à la préfecture où il s'est dispersé dans le calme. La marche, organisée en concertation étroite avec la famille de la victime, était dépourvue de toute banderole. "Il n'y aura aucune banderole, aucun texte ne sera lu et aucun mot d'ordre ne sera reçu. Nous voulons signifier que nous faisons entièrement confiance aux enquêteurs et au procureur de la République pour trouver les responsables de ce meurtre, faire comprendre que la République ne peut accepter la banalisation de la violence et que personne ne doit se résigner", avait déclaré mardi Fabien Minéo, responsable local du SNUipp (syndicat unitaire des instituteurs, professeurs des écoles et PEGC). Emmanuel Multedo a été enterré samedi en présence de près de 400 personnes à Sorbo-Ocagnano (Haute-Corse). La veille, la direction régionale de la police judiciaire en Corse avait lancé un appel à témoins et le procureur, Jean-Jacques Fagni, avait garanti l'anonymat des personnes susceptibles d'avoir signalé "un ou des individus à l'allure ou au comportement suspect, peu avant le drame". L'enseignant, un insulaire originaire de Bastia décrit comme un homme sans histoires, a été tué d'une seule balle dans la poitrine ayant provoqué une hémorragie massive et la mort instantanée. Cette balle, de gros calibre type 38 spécial, 357 Magnum ou 9 mm, aurait été tirée avec une arme de poing, selon le magistrat.

Une prière de Voltaire en faveur de la tolérance


Mon lecteur anonyme m'envoie cette prière de Voltaire tirée du Traité de la Tolérance (chapitre 23). Ce traité a été publié en 1763. Ce texte vise la réhabilitation de Jean Calas, protestant faussement accusé et exécuté pour avoir assassiné son fils afin d'éviter que ce dernier ne se convertisse au catholicisme. Jean Calas, père de famille protestant a été exécuté le 10 mars 1762. Jean Calas appartenait à une famille protestante à l'exception de sa servante, catholique, et d'un de ses fils, converti au catholicisme.
Suite au suicide de son fils aîné, la famille Calas se retrouve faussement accusée d'homicide volontaire.
La famille est mise aux fers et le père, à la demande populaire, et sur ordre de 8 juges, est condamné à mort malgré des preuves inexistantes après avoir été atrocement torturé. Le contexte historique est alors encore fortement marqué par les guerres de religions françaises des siècles précédents.
Suite à l'exécution de Jean Calas, qui plaide son innocence jusqu'à sa mort, le procès est rejugé à Paris et, le 9 mars 1765, la famille Calas est réhabilitée après une campagne courageuse et très solitaire de Voltaire. Voltaire est ici un pionnier du combat judiciaire et le grand-père d'Émile Zola qui fit tant pour la réhabilitation de Dreyfus. Merci à l'anonyme !


"Ce n’est donc plus aux hommes que je m’adresse ; c’est à toi, Dieu de tous les êtres, de tous les mondes et de tous les temps : s’il est permis à de faibles créatures perdues dans l’immensité, et imperceptibles au reste de l’univers, d’oser te demander quelque chose, à toi qui as tout donné, à toi dont les décrets sont immuables comme éternels, daigne regarder en pitié les erreurs attachées à notre nature ; que ces erreurs ne fassent point nos calamités. Tu ne nous as point donné un cœur pour nous haïr, et des mains pour nous égorger ; fais que nous nous aidions mutuellement à supporter le fardeau d’une vie pénible et passagère ; que les petites différences entre les vêtements qui couvrent nos débiles corps, entre tous nos langages insuffisants, entre tous nos usages ridicules, entre toutes nos lois imparfaites, entre toutes nos opinions insensées, entre toutes nos conditions si disproportionnées à nos yeux, et si égales devant toi ; que toutes ces petites nuances qui distinguent les atomes appelés hommes ne soient pas des signaux de haine et de persécution ; que ceux qui allument des cierges en plein midi pour te célébrer supportent ceux qui se contentent de la lumière de ton soleil ; que ceux qui couvrent leur robe d’une toile blanche pour dire qu’il faut t’aimer ne détestent pas ceux qui disent la même chose sous un manteau de laine noire ; qu’il soit égal de t’adorer dans un jargon formé d’une ancienne langue, ou dans un jargon plus nouveau ; que ceux dont l’habit est teint en rouge ou en violet, qui dominent sur une petite parcelle d’un petit tas de la boue de ce monde, et qui possèdent quelques fragments arrondis d’un certain métal, jouissent sans orgueil de ce qu’ils appellent grandeur et richesse, et que les autres les voient sans envie : car tu sais qu’il n’y a dans ces vanités ni de quoi envier, ni de quoi s’enorgueillir.
Puissent tous les hommes se souvenir qu’ils sont frères ! Qu’ils aient en horreur la tyrannie exercée sur les âmes, comme ils ont en exécration le brigandage qui ravit par la force le fruit du travail et de l’industrie paisible ! Si les fléaux de la guerre sont inévitables, ne nous haïssons pas les uns les autres dans le sein de la paix, et employons l’instant de notre existence à bénir également en mille langages divers, depuis Siam jusqu’à la Californie, ta bonté qui nous a donné cet instant.

Des "amis" de toujours

La nouvelle que je répercute ici n'a aucun intérêt en soi. Très franchement je me fous des mésaventures de DSK et de ses addictions sexuelles. Je veux simplement attirer l'attention sur deux concepts qui sont ici piétinés de la plus belle manière : la présomption d'innocence (et DSK est jusqu'à nouvel ordre présumé innocent) et l'amitié. 


Pierre Moscovici, par exemple, qui désormais fuit DSK comme la peste fut un des compagnons de politique de DSK et, il n'y a pas très longtemps s'en proclamait l'ami, jurant les grands dieux que celui-ci ne pouvait avoir commis ce dont il était accusé.
Entre temps, DSK est tombé dans les mailles de son propre filet. Car s'il accuse les services secrets français (et peut-être a-t-il raison) il n'empêche qu'il s'est comporté (et il le reconnaît semble-t-il) comme un goret.


En un mot comme en mille cet anniversaire de Julien Dray démontre que l'amitié n'existe pas en politique. Seul l'intérêt personnel prévaut. Et que tout le monde se moque de la présomption d'innocence.


Je voulais insister sur ces deux points puisque dans la grève de la faim qui s'est récemment achevée j'ai agi par principe (le respect de la présomption d'innocence) mais aussi par amitié. Alain Orsoni est mon ami. Il faut que cela soit dit et intégré. Je ne serai donc jamais un homme politique. Et c'est heureux ainsi.


DSK. Sa présence à l'anniversaire de Julien Dray sème la zizanie au sein du PS

Conviés par Julien Dray à venir célébrer son anniversaire dans un bar parisien, ce samedi soir, plusieurs ténors du PS (Ségolène Royal, Pierre Moscovici et Manuel Valls notamment) se sont esquivés si tôt qu'ils se sont rendus compte que... DSK était lui aussi de la fête. Le gros pataquès du jour.
29 avril 2012 à 09h52 
Décidemment, l'ancien patron du FMI n'en finit plus de faire parler de lui ce week-end. Après son interview accordée au Guardian vendredi, puis celle du journaliste Edward Epstein à Libé hier (deux sorties médiatiques qui n'ont d'ailleurs pas manqué de faire réagir, à droite notamment), c'est à Paris, hier soir, que DSK a semé la zizanie.

Deux photos postées sur Twitter
C'est Saïd Mahrane, journaliste au Point, qui s'est fait l'écho de cette soirée vécue par plusieurs dirigeants du PS, à une semaine du second tour de l'élection présidentielle. Et ce en postant deux photos, l'une de DSK, l'autre de Manuel Valls, arrivant à la soirée d'anniversaire de Julien Dray, dans un bar de la rue Saint-Denis, à Paris.
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"Dire que j'aurai rencontré Dominique Strauss-Kahn à cette occasion serait diffamatoire"
Une présence à laquelle n'ont absolument pas goûté Ségolène Royal et Manuel Valls notamment, qui ont, sitôt au courant de la présence de DSK, pris la poudre d'escampette, avant même de l'avoir croisé. Ségolène Royal a même été jusqu'à déclarer : "Dire que j'aurai rencontré Dominique Strauss-Kahn à cette occasion serait diffamatoire", comme le rapportent nos confrères du Point. C'est dire si la chose est à la fois redoutée et prise au sérieux...

Royal : "Inadmissible" de la part de Julien Dray"Je suis allée dans ce bar avec ma fille fêter l'anniversaire de Julien Dray, nos enfants sont amis, mais je ne savais pas que Dominique Strauss-Kahn était également invité. En l'apprenant, nous sommes tout de suite reparties et nous ne l'avons pas croisé", a-t-elle encore déclaré, avant de préciser que Manuel Valls en avait fait autant. Selon Europe 1,Pierre Moscovici aurait eu la même réaction. Ségolène Royal a enfin jugé "inadmissible" que Julien Dray ne lui ai rien dit avant.

samedi 28 avril 2012

Il ne reste plus que Guy Orsoni en prison dans l'affaire Castola

Sept personnes ont finalement été mises en examen hier soir et écrouées aux Baumettes dans le cadre des enquêtes ouvertes sur deux assassinats sur fond de grand banditisme en Corse. Six d'entre elles l'ont été dans le dossier Brahimi, du nom de Sabri Brahimi, abattu le 29 janvier 2009, rue Fesch, à Ajaccio.
Toutes sont poursuivies pour "assassinat, complicité d'assassinat et association de malfaiteurs". Elles ont été présentées hier soir au juge Philippe Dorcet, de la Juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Marseille.
Une septième a été mise en examen par le juge Claude Choquet dans le cadre de l'enquête sur la mort de Jean-Claude Colonna, abattu le 16 juin 2008, à Pietrosella, près d'Ajaccio.
Une affaire transmise courant 2009 à la justice marseillaise après des investigations menées par la gendarmerie sous la direction d'un magistrat ajaccien. Une quinzaine de personnes avaient été interpellées cette semaine sur commission rogatoire des deux magistrats de la Juridiction interrégionale spécialisée.
Dans l'affaire Brahimi, six personnes, dont Jérémy Capitta, Jean-Baptiste Ottavi, David Taddei et Jean-Luc Codaccioni ont été mises en examen. Dans l'affaire Colonna, Stéphane Luciani a été mis en examen et écroué pour les mêmes motifs.
Quatre autres personnes avaient déjà été mises en examen en novembre 2009 dans ce dossier, dont Jean-Luc Germani et Antoine Quilichini, remis en liberté le mois dernier. Sabri Brahimi avait été abattu au terme d'une opération programmée par une équipe de quatre hommes circulant à moto.
Ce coup de filet intervient après la remise en liberté mardi de l'ex-leader nationaliste Alain Orsoni, soupçonné d'avoir joué un rôle dans la mort de Thierry Castola, un pompier de 36 ans. 
José Scanu remis en liberté
   

Nouvelle mise en liberté dans le dossier sur l'assassinat de Thierry Castola. Vendredi 30 avril 2010, le juge Claude Choquet de la juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de Marseille a placé José Scanu sous contrôle judiciaire.
Le carrossier de 31 ans n'avait cessé de dire, depuis sa mise en examen, qu'il n'avait rien à voir avec l'assassinat perpétré le soir du 3 janvier 2009 à Bastelicaccia. Et qu'il ne faisait pas partie des hommes qui ont ôté la vie au pompier de l'aéroport. Remis en liberté par le magistrat instructeur à l'issue de son deuxième interrogatoire sur le fond, José Scanu n'en reste pas moins mis en examen pour « association de malfaiteurs en vue de commettre un assassinat en bande organisée ».
Pour son avocat cependant, cette nouvelle mise en liberté est bien la preuve que le dossier de la Jirs est chancelant : « Dans une affaire d'assassinat, si le juge possède des éléments, il ne met pas fin à la détention » a déclaré Me Camille Romani. Qui poursuit : « Mon client vient de faire onze mois de prison pour rien ! Pendant ce temps, il n'a véritablement été entendu que deux fois. »
C'est le deuxième homme remis en liberté dans cette affaire. Le12 avril 2010 Alain Orsoni recouvrait également la liberté après 10 mois de détention, une grève de la faim qui avait duré plus d'un mois et un mouvement de l'opinion publique initié par la Ligue des droits de l'homme et le collectif des avocats contre les juridictions d'exception.

Trois hommes toujours détenus

Trois hommes restaient cependant détenus pour l'assassinat de Thierry Castola. Jean-Baptiste Ottavi, interpellé et mis en examen en juin 2009 en même temps qu'Alain Orsoni et José Scanu. David Taddei, mis en examen dans le courant du mois de juillet et Jérémy Capitta, mis en examen encore plus tard. Dans ce dossier, un mandat d'arrêt est toujours lancé contre le fils d'Alain Orsoni, Guy alors en fute.
Ottavi, Taddei et Capitta avaient été mis en examen mi-avril pour l'assassinat de Sabri Brahimi perpétré le 29 janvier 2009 par des tueurs à moto en plein centre d'Ajaccio.

Dans la même affaire, Jean-Baptiste Ottavi, avait été mis en examen et incarcéré le 11 juin 2009 dans le cadre de l'assassinat de Thierry Castola, tué le 3 janvier 2009 à Bastelicaccia.
Me Romani déclarait alors: « Alors que le dossier est vide, et que José Scanu et Alain Orsoni ont été libérés, on est dans l'impasse pour les trois autres mis en examen : mon client, Jérémy Capitta et David Taddei qui sont toujours détenus. » Depuis quelques semaines, ces mêmes personnes sont également mises en examen dans l'assassinat de Sabri Brahimi, abattu le 29 janvier 2009 dans le centre d'Ajaccio. Quant à David Taddei, il en cumule une autre dans l'assassinat de Richard Casanova, survenu le 23 avril 2008 à Porto-Vecchio. « C'est une bouillie indigeste, une mélasse inextricable », a estimé Me Romani en se livrant à une attaque en règle contre la juridiction marseillaise. « C'est la méthode de la Jirs : chaque dossier se nourrit de l'autre ; au final ce ne sont que des raisonnements spécieux, des audiences où les avocats ne peuvent plaider deux dossiers en même temps car les juges les relient sans rien démontrer », tranche le défenseur.

Restait enfin l'idée d'une détention pour faire pression sur Guy Orsoni, le fils d'Alain, mis en examen et actuellement en fuite. « Il est innocent et la justice n'a rien contre lui non plus, mais ce n'est pas dans de telles conditions qu'il pourra se rendre », affirmait Me Romani.

Ottavi libéré pour Castola et maintenu pour Brahimi

Après dix demandes refusées, Jean-Baptiste Ottavi, mis en examen dans l'assassinat de Thierry Castola et incarcéré depuis le 11 juin 2009, était rems en liberté après un an de détenton. La détention avait été prolongée par le juge des libertés de Marseille. Mais en appel, les magistrats de la chambre de l'instruction d'Aix-en-Provence en avaient décidé autrement. Jean-Baptiste Ottavi était alors placé sous contrôle judiciaire dans cette affaire. Mais il restait sous écrou du fait d'une autre mise en examen dans l'assassinat de Sabri Brahimi, tué le 29 janvier 2009 à Ajaccio.
Selon Me Camille Romani « le procureur Cortes a lui même reconnu que notre argumentation qui critiquait les expertises téléphoniques était fondée et que les investigations étaient menées de manière confuse par les policiers qui, par ailleurs, mettaient de longs mois à livrer leurs résultats…Au moment des faits, Ottavi a un alibi solide et il ne pouvait pas physiquement se trouver sur les lieux, la nuit du 3 janvier 2009, date à laquelle a été tué Thierry Castola, à Bastelicaccia ».
Me Romani plaidait également le même jour devant la chambre de l'instruction les nullités de procédure dans l'affaire Castola. Cinq personnes, José Scanu, Alain Orsoni, Jean-Baptiste Ottavi, Jérémy Capitta et David Taddei sont mis en cause dans cette affaire. Cœur de l'argumentation : la nullité de la perquisition au domicile de la famille Castola qui a permis aux enquêteurs de mettre la main sur la fameuse lettre où Alain Orsoni écrivait qu'il « exterminerait la race. » Une menace déguisée à l'endroit de la famille Castola qui avait servi à la justice pour l'incriminer. Idem pour les expertises téléphoniques ou encore les renseignements anonymes. « Cette inégalité des armes entre le parquet et la défense est plus généralement une violation de l'article 6 de la convention européenne des droits de l'Homme qui stipule que tout procès doit être équitable ».

Jérémy Capitta a été remis en liberté
   

En septembre 2011 c'était au tour de Jérémy Capitta d'être mis en liberté dans l'affaire Castola. Pour la troisième fois en un an dans trois dossiers différents instruits par la Jirs de Marseille, leur client, Jérémy Capitta était placé sous contrôle judiciaire.
Car en quelques mois, Jérémy Capitta avait été, dans un premier temps, mis en examen et écroué dans trois dossiers.
Le guet-apens contre Thierry Castola, le 3 janvier 2009 à Bastelicaccia. L'assassinat de Sabri Brahimi le 29 janvier 2009 dans la rue Fesch à Ajaccio. Et la fusillade qui avait coûté la vie à Jean-Noël Dettori et Nicolas Salini, le 10 avril 2009, à proximité du collège de Baleone.
Jérémy Capitta avait été placé sous contrôle judiciaire dans le cadre des deux premières affaires. Il restait détenu dans la troisième. Jusqu'à cette ultime libération.

Plus que Guy Orsoni

Avec la mesure de contrôle judiciaire prise pour Jérémy Capitta, il ne restait plus qu'un détenu dans ces trois dossiers. David Taddei, détenu dans l'affaire de Richard Casanova et lui aussi placé hier sous contrôle judiciaire et Guy Orsoni, capturé en Espagne en mars 2011 après une cavale de un an et demi. Son avocat, Me Philippe Gatti considère que ces mesures sont « l'illustration de la fragilité des dossiers instruits par la Jirs ». Avec la libération de David Taddei il ne reste plus que Guy Orsoni d'emprisonné dans le dossier le plus invraisemblable qui soit : rien ne l'accuse. ll n'existe aucun indice le mettant en cause. Les magistrats l'implique dans cet assassinat du seul fait qu'il est le flls de son père Alain lequel aurait règlé un compte financier en assassinant un jeune homme qu'il connaissait bien. Le père de la victime, assassiné en mars 2005, était l'un des meilleurs amis d'Alain Orsoni.

P.S. Ce récapitulatif a été composé à l'aide d'articles de Corse-Matin. J'espère qu'il est suffisamment clair car il a été difficile de s'y retrouver entre des situations croisées mélangées à l'extrême souvent à cause de la jonction judiciaire. Mais quel gâchis humain ! Sans poser le moindre jugement sur les parcours souvent accidentés de ces jeunes gens, il convient d'attirer l'attention sur une des pierres angulaires de la démocratie : la présomption d'innocence, ici sans cesse violée par la justice qui n'a instruit qu'à charge.


Sauf à considérer que des années de détention n'ont aucune importance, la gestion de ces assassinats par la JIRS est proprement calamiteuse. Il ne fait aucun doute que la JIRS  va tenter d'envoyer tous ces jeunes gens devant les Assises. C'est la raison pour laquelle le magistrat instructeur a joint les trois dossier… pour créer une ambiance suffisante à une condamnation. Il ne fait pas pas plus de doute qu'à travers ces chaos, ces retournements c'est Alain Orsoni qui est visé. Faute de pouvoir l'atteindre c'est son fils qui subit un sort totalement inique. La vérité est qu'aux jours d'aujourd'hui ce jeune homme est maintenu en prison sans que rien ne vienne étayer la thèse de l'accusation. Mais il est aussi exact qu'à rebours de ses devoirs, la JIRS n'a instruit qu'à charge et jamais à décharge. 


Logiquement, Guy Orsoni devrait également recouvrer la liberté comme tous ses co-mis en examen. Hélas, l'acharnement de la justice ne connaît qu'une cohérence : l'acharnement. Et je veux le répéter ici une fois encore : il n'est pas question de prôner une quelconque impunité. Bien au contraire, c'est l'impunité dont bénéficie les assassins qui tue la Corse. Mais la détention de Guy Orsoni ce n'est pas de la justice c'est de la vengeance. Qu'on apporte la preuve de sa culpabilité et je serai le premier à accepter le verdict. Mais pour l'heure, il n'y a rien de rien.


Une marche contre la violence


Un millier de personnes ont participé samedi à Ghisonaccia (Haute-Corse) à une marche silencieuse d'une très grande dignité suite à la série de cinq meurtres qui a endeuillé la micro-région de la Plaine orientale au cours des seize derniers mois.
La marche silencieuse a été lancée à l'appel des familles des deux dernières victimes, Jo Sisti et Jean-Louis Chiodi, tués froidement le 8 avril dernier à Quinzena (Haute-Corse).
On peut s'empêcher de noter qu'en janvier 2011, près de 3.000 personnes avaient participé à une "marche blanche" silencieuse à la mémoire du président du club local de football, Marc Paolini, assassiné le 16 décembre 2010. Il est donc triste de remarquer que la mobilisation contre la violence est en régression.
En silence, les 1000 marcheurs de ce samedi ont avancé dès 15 heures depuis l'Hôtel de ville vers la gendarmerie, après avoir marqué une pause devant le cimetière de ce bourg rural de 3.500 habitants.
Jean Sisti, le frère de la récente victime Jo Sisti, a alors prononcé un discours en dénonçant la "cruauté" des meurtriers qui tuent "avec le souci sadique et pervers de marquer les esprits, et d'anéantir les consciences" dans cette micro-région de 5.000 habitants.
Dans leur texte, les familles endeuillées ont aussi déploré "l'absence de résultats des enquêtes policières et du peu de moyens des enquêteurs" face aux meurtres de ces "hommes honnêtes et travailleurs". Constat d'ailleurs paradoxal puisque beaucoup de personnes qui possèdent des informations les taisent aux enquêteurs.
Avant de mourir, Jo Sisti, ancien dirigeant nationaliste, avait évoqué lors d'une conférence de presse donnée pour son fils une "violence multiforme que connaît actuellement la Plaine orientale".
Récemment, une source judiciaire avait déclaré ne pas pouvoir établir les motivations précises de ces divers meurtres. Elle avait tout de même avancé quelques caractéristiques de la micro-région prises en compte par les autorités judiciaires : délinquance organisée, économie souterraine, et spéculation immobilière ce qui à mon avis n'est qu'une infime partie de la vérité, vérité à rechercher dans la décomposition du mouvement nationaliste et sa confrontation avec des lambeaux de la voyoucratie.
Les meurtres en avril de Jo Sisti et Jean-Louis Chiodi avaient été précédés de trois autres assassinats ces derniers mois en Plaine orientale.
En octobre 2011, Christian Leoni, un membre présumé de la bande bastiaise dite de la Brise de mer ou plutôt d'une de ces fractions en relation avec certains membres du milieu ajaccien, avait été tué par balles à Moriani-Plage.
En mars 2011, c'est Dominique Domarchi, un maire d'un village de Haute-Corse, qui a été assassiné (mais son meurtre semble plutôt lié à une affaire très locale sans relation avec le grand banditisme), après le meurtre en décembre 2010 de Marc Paolini à Ghisonaccia.
La lutte contre la violence ne sera réellement efficace que si les citoyens se mobilisent tous ensemble et non pas contre la seule violence qui les touche ou touche leurs proches. Quant aux élus ils sont remarquables par leur volonté de non-agir. Au lieu de montrer l'exemple, ils se taisent ou soupirent. C'est peu.

Adel Abdessemed : un artiste méditerranéen



Vendredi s'est ouverte au musée Unterlinden de Colmar une exposition composée de quatre Christ grandeur nature en fil de fer barbelé, installés en face du célèbre retable d'Issenheim.
Les quatre Christ de ''Décor'' sont en fil de fer barbelé
Les quatre Christ de ''Décor'' sont en fil de fer barbelé AFP/PATRICK HERTZOG
Réalisé entre 1512 et 1516 pour le couvent des Antonins à Issenheim, au sud de Colmar (Haut-Rhin), où il ornait le maître-autel de l’église, le retable d'Issenheim fête cette année ses 500 ans. Il est l’œuvre de deux grands maîtres allemands du gothique tardif, le peintre Matthias Grünewald, pour les panneaux peints (1512-1516), et Nicolas de Haguenau, pour la partie sculptée antérieure (autour de 1490).
Le retable, de près de six mètres de haut, pièce maîtresse du musée Unterlinden de Colmar, est constitué d’un ensemble de plusieurs panneaux peints qui s’articulent autour d’une caisse centrale composée de sculptures.
Cliquez ici !

Exposition jusqu'au 16 septembre


Aujourd'hui, cinq siècles plus tard, il continue d'inspirer les artistes. Ainsi quatre surprenants Christ, tressés avec du fil barbelé par l'artiste Adel Abdessemed, sont exposés actuellement en face de lui. L'œuvre s'intitule Décor.
Les Christ métalliques, à taille humaine, de cet artiste de 41 ans né en Algérie et vivant à Paris, y sont accrochés à un mur blanc comme en suspension, alignés sans leur croix. Cette exposition, qui s'est ouverte au public ce vendredi 27 avril et durera jusqu'au 16 septembre, est un hommage à la Crucifixion qui domine les panneaux du retable, dont Abdessemed s'est inspiré pour sa création.


Un artiste au sens plein du terme

La rue est utilisée comme atelier, un espace d’activité et de réflexion sur le monde, hors de l’espace d’exposition. Utilisant le vivant comme médium, Adel Abdessemed a réalisé une série de vidéos qui montrent l’abattage violent d’animaux. Ce projet intitulé Don't Trust Me initié au Magasin de Grenoble a fait l’objet d’une grande polémique lors de son exposition à l’Art Institute de San Francisco en 2008.
Le travail d’Adel Abdessemed aborde le thème de l’exil depuis son départ précipité d’Alger et de l’École des beaux-arts, le jour même de l’assassinat du directeur de l’école, lors de la guerre civile des années 1990. La liaison qu’entretient l’artiste Adel Abdessemed avec le monde témoigne d’une réalité malade de violences et d’exodes. La référence à Ulysse et à la Méditerranée est une constante dans son œuvre. L’art est une « porte de sortie ». Son travail propose un langage de la transgression pour briser les tabous liés au corps et aux idéologies.
Dans Odradek (2011) les images vidéo sont celles d’un groupe de femmes qui dansent sur une musique orientale populaire en dévoilant leur corps recouvert des pieds à la tête d’un tissage en laine de chameau. Les danseuses, dirigées par l’artiste dans son atelier, se déshabillent en décousant cette voilure dans un mouvement répétitif de bobinage. Le concept de référence présent dans ce travail est «le rêve du jour» de Freud, ce qui donne à cette image brute une dimension onirique.
La création d'Adel Abdessemed parle aux Méditerranéens. Pour un Corse ce n'est pas un travail figé. C'est un cri au vrai sens du terme.


''L'essence même de la cruauté''


«Adel avait découvert le retable lors d'un voyage d'études à Colmar il y a une dizaine d'années. Il avait été très impressionné par le corps lacéré du Christ, ses plaies en putréfaction», explique à l'AFP Frédérique Goerig-Hergott, conservatrice au musée Unterlinden et commissaire de l'exposition.
Les corps des quatre Christ d'Abdessemed sont tressés avec du fil de fer barbelé, ponctué de doubles lames tranchantes comme des rasoirs. «Ce matériau, le même que celui utilisé dans le camp de Guantanamo ou par la défense militaire des frontières, est l'essence même de la cruauté et de l'oppression», analyse Mme Goerig-Hergott.

Acquis par François Pinault



Décor, acquis récemment par François Pinault, grand mécène et amateur d'art moderne, a déjà été exposé dans une galerie new-yorkaise au début de l'année et doit prendre en octobre la direction du Centre Pompidou à Paris, pour une exposition consacrée à Adel Abdessemed.
Certaines œuvres de l'artiste ont déjà rencontré un écho au-delà des cercles d'amateurs d'art. Ce fut le cas notamment de sa série controversée de vidéos montrant l'abattage violent d'animaux. Et, plus récemment, de sa sculpture représentant le fameux coup de tête asséné par Zinedine Zidane à l'Italien Marco Materazzi en finale de la Coupe du monde de football, en 2006 (ci-dessous).