mercredi 25 avril 2012

Trois poèmes déposés par une main anonyme

Pour une fois j'aime le terme "anonyme". Une main anonyme a donc déposé sur le blog ces trois poèmes tout simplement magnifiques, l'un d'Arthur Rimbaud en langue française, un autre de Charles Baudelaire et l'autre en langue corse avec cette simple phrase : "Ce sont deux poèmes qui me font penser à la Corse que j'aime . ESPÉRONS. " Espérons donc  et un immense merci pour le doute et l'éternité !


Dubbitu

Avie tandu u mare interu à l’ochji
da l’orizonte à a rena di l’orlu,
i ghjorni sani intrecciati à i so capelli
à e so osse, à a so pelle…
Soca una ghjumenta di Camarga
ti s’avia purtatu via mez’à l’erbe maestre…
Soca qualcosa avia mossu,
in issa terra di a to carne,
in issa furesta di u to core,
qualcosa chì t’avia bullitu in pettu
à l’attrachjata, o zitellò…
A stagione ella si ne ridia
cum’elli ridenu i fiori,
à stracci bianchi,
nevischjulera…
L’usci po tandu si spalancavanu,
chì ogni strada ti s’allisciava sott’à i pedi…

Avie tandu issa legerezza di l’esse
(capitu senza spiecà)
Oghje, quale hè chì a sà più, o Ghjà… 




L'invitation au voyage

Mon enfant, ma soeur,
Songe à la douceur
D'aller là-bas vivre ensemble !
Aimer à loisir,
Aimer et mourir
Au pays qui te ressemble !
Les soleils mouillés
De ces ciels brouillés
Pour mon esprit ont les charmes
Si mystérieux
De tes traîtres yeux,
Brillant à travers leurs larmes.

Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.

Des meubles luisants,
Polis par les ans,
Décoreraient notre chambre ;
Les plus rares fleurs
Mêlant leurs odeurs
Aux vagues senteurs de l'ambre,
Les riches plafonds,
Les miroirs profonds,
La splendeur orientale,
Tout y parlerait
À l'âme en secret
Sa douce langue natale.

Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.

Vois sur ces canaux
Dormir ces vaisseaux
Dont l'humeur est vagabonde ;
C'est pour assouvir
Ton moindre désir
Qu'ils viennent du bout du monde.
- Les soleils couchants
Revêtent les champs,
Les canaux, la ville entière,
D'hyacinthe et d'or ;
Le monde s'endort
Dans une chaude lumière.

Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.

L'Éternité

Elle est retrouvée.
Quoi ? - L'Eternité.
C'est la mer allée
Avec le soleil.

Ame sentinelle,
Murmurons l'aveu
De la nuit si nulle
Et du jour en feu.

Des humains suffrages,
Des communs élans
Là tu te dégages
Et voles selon.

Puisque de vous seules,
Braises de satin,
Le Devoir s'exhale
Sans qu'on dise : enfin.

Là pas d'espérance,
Nul orietur.
Science avec patience,
Le supplice est sûr.

Elle est retrouvée.
Quoi ? - L'Eternité.
C'est la mer allée
Avec le soleil. 

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