Sept personnes ont finalement été mises en
examen hier soir et écrouées aux Baumettes dans le cadre des enquêtes ouvertes
sur deux assassinats sur fond de grand banditisme en Corse. Six d'entre elles
l'ont été dans le dossier Brahimi, du nom de Sabri Brahimi, abattu le 29
janvier 2009, rue Fesch, à Ajaccio.
Toutes sont poursuivies pour "assassinat,
complicité d'assassinat et association de malfaiteurs". Elles ont été présentées
hier soir au juge Philippe Dorcet, de la Juridiction interrégionale spécialisée
(JIRS) de Marseille.
Une septième a été mise en examen par le
juge Claude Choquet dans le cadre de l'enquête sur la mort de Jean-Claude
Colonna, abattu le 16 juin 2008, à Pietrosella, près d'Ajaccio.
Une affaire transmise courant 2009 à la
justice marseillaise après des investigations menées par la gendarmerie sous la
direction d'un magistrat ajaccien. Une quinzaine de personnes avaient été
interpellées cette semaine sur commission rogatoire des deux magistrats de la
Juridiction interrégionale spécialisée.
Dans l'affaire Brahimi, six personnes, dont
Jérémy Capitta, Jean-Baptiste Ottavi, David Taddei et Jean-Luc Codaccioni ont été
mises en examen. Dans l'affaire Colonna, Stéphane Luciani a été mis en examen
et écroué pour les mêmes motifs.
Quatre autres personnes avaient déjà été
mises en examen en novembre 2009 dans ce dossier, dont Jean-Luc Germani et
Antoine Quilichini, remis en liberté le mois dernier. Sabri Brahimi avait été
abattu au terme d'une opération programmée par une équipe de quatre hommes
circulant à moto.
Ce coup de filet intervient après la remise
en liberté mardi de l'ex-leader nationaliste Alain Orsoni, soupçonné d'avoir
joué un rôle dans la mort de Thierry Castola, un pompier de 36 ans.
José
Scanu remis en liberté
Nouvelle mise en liberté dans le dossier sur
l'assassinat de Thierry Castola. Vendredi 30 avril 2010, le juge Claude Choquet
de la juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de Marseille a placé José
Scanu sous contrôle judiciaire.
Le carrossier de 31 ans n'avait cessé de
dire, depuis sa mise en examen, qu'il n'avait rien à voir avec l'assassinat
perpétré le soir du 3 janvier 2009 à Bastelicaccia. Et qu'il ne faisait pas
partie des hommes qui ont ôté la vie au pompier de l'aéroport. Remis en liberté
par le magistrat instructeur à l'issue de son deuxième interrogatoire sur le
fond, José Scanu n'en reste pas moins mis en examen pour « association de
malfaiteurs en vue de commettre un assassinat en bande organisée ».
Pour son avocat cependant, cette nouvelle
mise en liberté est bien la preuve que le dossier de la Jirs est chancelant : «
Dans une affaire d'assassinat, si le juge possède des éléments, il ne met pas
fin à la détention » a déclaré Me Camille Romani. Qui poursuit : « Mon
client vient de faire onze mois de prison pour rien ! Pendant ce temps, il n'a
véritablement été entendu que deux fois. »
C'est le deuxième homme remis en liberté dans
cette affaire. Le12 avril 2010 Alain Orsoni recouvrait également la liberté
après 10 mois de détention, une grève de la faim qui avait duré plus d'un mois
et un mouvement de l'opinion publique initié par la Ligue des droits de l'homme
et le collectif des avocats contre les juridictions d'exception.
Trois hommes toujours détenus
Trois hommes restaient cependant détenus pour
l'assassinat de Thierry Castola. Jean-Baptiste Ottavi, interpellé et mis en examen
en juin 2009 en même temps qu'Alain Orsoni et José Scanu. David Taddei, mis en
examen dans le courant du mois de juillet et Jérémy Capitta, mis en examen
encore plus tard. Dans ce dossier, un mandat d'arrêt est toujours lancé contre
le fils d'Alain Orsoni, Guy alors en fute.
Ottavi, Taddei et Capitta avaient été mis en
examen mi-avril pour l'assassinat de Sabri Brahimi perpétré le 29 janvier 2009
par des tueurs à moto en plein centre d'Ajaccio.
Dans la même affaire, Jean-Baptiste Ottavi, avait
été mis en examen et incarcéré le 11 juin 2009 dans le cadre de l'assassinat de
Thierry Castola, tué le 3 janvier 2009 à Bastelicaccia.
Me Romani déclarait alors:
« Alors que le dossier est vide, et que José Scanu et Alain Orsoni ont été
libérés, on est dans l'impasse pour les trois autres mis en examen : mon
client, Jérémy Capitta et David Taddei qui sont toujours détenus. » Depuis
quelques semaines, ces mêmes personnes sont également mises en examen dans
l'assassinat de Sabri Brahimi, abattu le 29 janvier 2009 dans le centre
d'Ajaccio. Quant à David Taddei, il en cumule une autre dans l'assassinat de
Richard Casanova, survenu le 23 avril 2008 à Porto-Vecchio. « C'est une
bouillie indigeste, une mélasse inextricable », a estimé Me Romani en se
livrant à une attaque en règle contre la juridiction marseillaise. « C'est
la méthode de la Jirs : chaque dossier se nourrit de l'autre ; au final ce ne
sont que des raisonnements spécieux, des audiences où les avocats ne peuvent
plaider deux dossiers en même temps car les juges les relient sans rien
démontrer », tranche le défenseur.
Restait enfin l'idée d'une
détention pour faire pression sur Guy Orsoni, le fils d'Alain, mis en examen et
actuellement en fuite. « Il est innocent et la justice n'a rien contre lui
non plus, mais ce n'est pas dans de telles conditions qu'il pourra se rendre »,
affirmait Me Romani.
Ottavi
libéré pour Castola et maintenu pour Brahimi
Après dix demandes refusées, Jean-Baptiste
Ottavi, mis en examen dans l'assassinat de Thierry Castola et incarcéré depuis
le 11 juin 2009, était rems en liberté après un an de détenton. La détention avait
été prolongée par le juge des libertés de Marseille. Mais en appel, les
magistrats de la chambre de l'instruction d'Aix-en-Provence en avaient décidé
autrement. Jean-Baptiste Ottavi était alors placé sous contrôle judiciaire dans
cette affaire. Mais il restait sous écrou du fait d'une autre mise en examen
dans l'assassinat de Sabri Brahimi, tué le 29 janvier 2009 à Ajaccio.
Selon Me Camille Romani « le procureur
Cortes a lui même reconnu que notre argumentation qui critiquait les expertises
téléphoniques était fondée et que les investigations étaient menées de manière
confuse par les policiers qui, par ailleurs, mettaient de longs mois à livrer
leurs résultats…Au moment des faits, Ottavi a un alibi solide et il ne pouvait
pas physiquement se trouver sur les lieux, la nuit du 3 janvier 2009, date à
laquelle a été tué Thierry Castola, à Bastelicaccia ».
Me Romani plaidait également le même jour
devant la chambre de l'instruction les nullités de procédure dans l'affaire
Castola. Cinq personnes, José Scanu, Alain Orsoni, Jean-Baptiste Ottavi, Jérémy
Capitta et David Taddei sont mis en cause dans cette affaire. Cœur de
l'argumentation : la nullité de la perquisition au domicile de la famille
Castola qui a permis aux enquêteurs de mettre la main sur la fameuse lettre où
Alain Orsoni écrivait qu'il « exterminerait la race. » Une menace
déguisée à l'endroit de la famille Castola qui avait servi à la justice pour
l'incriminer. Idem pour les expertises téléphoniques ou encore les
renseignements anonymes. « Cette inégalité des armes entre le parquet et la
défense est plus généralement une violation de l'article 6 de la convention
européenne des droits de l'Homme qui stipule que tout procès doit être
équitable ».
Jérémy
Capitta a été remis en liberté
En septembre 2011 c'était au tour de Jérémy
Capitta d'être mis en liberté dans l'affaire Castola. Pour la troisième fois en
un an dans trois dossiers différents instruits par la Jirs de Marseille, leur
client, Jérémy Capitta était placé sous contrôle judiciaire.
Car en quelques mois, Jérémy Capitta avait
été, dans un premier temps, mis en examen et écroué dans trois dossiers.
Le guet-apens contre Thierry Castola, le 3
janvier 2009 à Bastelicaccia. L'assassinat de Sabri Brahimi le 29 janvier 2009
dans la rue Fesch à Ajaccio. Et la fusillade qui avait coûté la vie à Jean-Noël
Dettori et Nicolas Salini, le 10 avril 2009, à proximité du collège de Baleone.
Jérémy Capitta avait été placé sous contrôle
judiciaire dans le cadre des deux premières affaires. Il restait détenu dans la
troisième. Jusqu'à cette ultime libération.
Plus que Guy Orsoni
Avec la mesure de contrôle judiciaire prise
pour Jérémy Capitta, il ne restait plus qu'un détenu dans ces trois dossiers.
David Taddei, détenu dans l'affaire de Richard Casanova et lui aussi placé hier
sous contrôle judiciaire et Guy Orsoni, capturé en Espagne en mars 2011 après
une cavale de un an et demi. Son avocat, Me Philippe Gatti considère que ces
mesures sont « l'illustration de la fragilité des dossiers instruits par la
Jirs ». Avec la libération de
David Taddei il ne reste plus que Guy Orsoni d'emprisonné dans le dossier le
plus invraisemblable qui soit : rien ne l'accuse. ll n'existe aucun indice le
mettant en cause. Les magistrats l'implique dans cet assassinat du seul fait qu'il
est le flls de son père Alain lequel aurait règlé un compte financier en
assassinant un jeune homme qu'il connaissait bien. Le père de la victime,
assassiné en mars 2005, était l'un des meilleurs amis d'Alain Orsoni.
P.S. Ce récapitulatif a été composé à l'aide d'articles de Corse-Matin. J'espère qu'il est suffisamment clair car il a été difficile de s'y retrouver entre des situations croisées mélangées à l'extrême souvent à cause de la jonction judiciaire. Mais quel gâchis humain ! Sans poser le moindre jugement sur les parcours souvent accidentés de ces jeunes gens, il convient d'attirer l'attention sur une des pierres angulaires de la démocratie : la présomption d'innocence, ici sans cesse violée par la justice qui n'a instruit qu'à charge.
Sauf à considérer que des années de détention n'ont aucune importance, la gestion de ces assassinats par la JIRS est proprement calamiteuse. Il ne fait aucun doute que la JIRS va tenter d'envoyer tous ces jeunes gens devant les Assises. C'est la raison pour laquelle le magistrat instructeur a joint les trois dossier… pour créer une ambiance suffisante à une condamnation. Il ne fait pas pas plus de doute qu'à travers ces chaos, ces retournements c'est Alain Orsoni qui est visé. Faute de pouvoir l'atteindre c'est son fils qui subit un sort totalement inique. La vérité est qu'aux jours d'aujourd'hui ce jeune homme est maintenu en prison sans que rien ne vienne étayer la thèse de l'accusation. Mais il est aussi exact qu'à rebours de ses devoirs, la JIRS n'a instruit qu'à charge et jamais à décharge.
Logiquement, Guy Orsoni devrait également recouvrer la liberté comme tous ses co-mis en examen. Hélas, l'acharnement de la justice ne connaît qu'une cohérence : l'acharnement. Et je veux le répéter ici une fois encore : il n'est pas question de prôner une quelconque impunité. Bien au contraire, c'est l'impunité dont bénéficie les assassins qui tue la Corse. Mais la détention de Guy Orsoni ce n'est pas de la justice c'est de la vengeance. Qu'on apporte la preuve de sa culpabilité et je serai le premier à accepter le verdict. Mais pour l'heure, il n'y a rien de rien.
Sauf à considérer que des années de détention n'ont aucune importance, la gestion de ces assassinats par la JIRS est proprement calamiteuse. Il ne fait aucun doute que la JIRS va tenter d'envoyer tous ces jeunes gens devant les Assises. C'est la raison pour laquelle le magistrat instructeur a joint les trois dossier… pour créer une ambiance suffisante à une condamnation. Il ne fait pas pas plus de doute qu'à travers ces chaos, ces retournements c'est Alain Orsoni qui est visé. Faute de pouvoir l'atteindre c'est son fils qui subit un sort totalement inique. La vérité est qu'aux jours d'aujourd'hui ce jeune homme est maintenu en prison sans que rien ne vienne étayer la thèse de l'accusation. Mais il est aussi exact qu'à rebours de ses devoirs, la JIRS n'a instruit qu'à charge et jamais à décharge.
Logiquement, Guy Orsoni devrait également recouvrer la liberté comme tous ses co-mis en examen. Hélas, l'acharnement de la justice ne connaît qu'une cohérence : l'acharnement. Et je veux le répéter ici une fois encore : il n'est pas question de prôner une quelconque impunité. Bien au contraire, c'est l'impunité dont bénéficie les assassins qui tue la Corse. Mais la détention de Guy Orsoni ce n'est pas de la justice c'est de la vengeance. Qu'on apporte la preuve de sa culpabilité et je serai le premier à accepter le verdict. Mais pour l'heure, il n'y a rien de rien.
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