samedi 28 avril 2012

Une marche contre la violence


Un millier de personnes ont participé samedi à Ghisonaccia (Haute-Corse) à une marche silencieuse d'une très grande dignité suite à la série de cinq meurtres qui a endeuillé la micro-région de la Plaine orientale au cours des seize derniers mois.
La marche silencieuse a été lancée à l'appel des familles des deux dernières victimes, Jo Sisti et Jean-Louis Chiodi, tués froidement le 8 avril dernier à Quinzena (Haute-Corse).
On peut s'empêcher de noter qu'en janvier 2011, près de 3.000 personnes avaient participé à une "marche blanche" silencieuse à la mémoire du président du club local de football, Marc Paolini, assassiné le 16 décembre 2010. Il est donc triste de remarquer que la mobilisation contre la violence est en régression.
En silence, les 1000 marcheurs de ce samedi ont avancé dès 15 heures depuis l'Hôtel de ville vers la gendarmerie, après avoir marqué une pause devant le cimetière de ce bourg rural de 3.500 habitants.
Jean Sisti, le frère de la récente victime Jo Sisti, a alors prononcé un discours en dénonçant la "cruauté" des meurtriers qui tuent "avec le souci sadique et pervers de marquer les esprits, et d'anéantir les consciences" dans cette micro-région de 5.000 habitants.
Dans leur texte, les familles endeuillées ont aussi déploré "l'absence de résultats des enquêtes policières et du peu de moyens des enquêteurs" face aux meurtres de ces "hommes honnêtes et travailleurs". Constat d'ailleurs paradoxal puisque beaucoup de personnes qui possèdent des informations les taisent aux enquêteurs.
Avant de mourir, Jo Sisti, ancien dirigeant nationaliste, avait évoqué lors d'une conférence de presse donnée pour son fils une "violence multiforme que connaît actuellement la Plaine orientale".
Récemment, une source judiciaire avait déclaré ne pas pouvoir établir les motivations précises de ces divers meurtres. Elle avait tout de même avancé quelques caractéristiques de la micro-région prises en compte par les autorités judiciaires : délinquance organisée, économie souterraine, et spéculation immobilière ce qui à mon avis n'est qu'une infime partie de la vérité, vérité à rechercher dans la décomposition du mouvement nationaliste et sa confrontation avec des lambeaux de la voyoucratie.
Les meurtres en avril de Jo Sisti et Jean-Louis Chiodi avaient été précédés de trois autres assassinats ces derniers mois en Plaine orientale.
En octobre 2011, Christian Leoni, un membre présumé de la bande bastiaise dite de la Brise de mer ou plutôt d'une de ces fractions en relation avec certains membres du milieu ajaccien, avait été tué par balles à Moriani-Plage.
En mars 2011, c'est Dominique Domarchi, un maire d'un village de Haute-Corse, qui a été assassiné (mais son meurtre semble plutôt lié à une affaire très locale sans relation avec le grand banditisme), après le meurtre en décembre 2010 de Marc Paolini à Ghisonaccia.
La lutte contre la violence ne sera réellement efficace que si les citoyens se mobilisent tous ensemble et non pas contre la seule violence qui les touche ou touche leurs proches. Quant aux élus ils sont remarquables par leur volonté de non-agir. Au lieu de montrer l'exemple, ils se taisent ou soupirent. C'est peu.

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