jeudi 26 avril 2012

Des milliers de Norvégiens entonnent une chanson contre le tueur raciste Anders Breivik à Oslo



Je suis persuadé que contre la haine, la bêtise et le racisme, il faut opposer l'amour, l'intelligence et l'ouverture. Les affronter avec leurs propres armes revient à faire leur jeu. Il ne sert à rien de stigmatiser ceux qui par rancœur, désespoir ou encore fermeture d'esprit ont voté pour l'obscurantisme. 


La Norvège, meurtrie par le massacre perpétré par Breivik, s'est rassemblée et a entonné le chant que le tueur exécrait, un chant d'amour pour la planète et l'humanité. Quelle plus belle réponse ! Si en Corse nous pouvions réagir de cette manière… Rêvons un peu. Des familles de la plaine orientale dont des membres ont été assassinés vont manifester contre la violence. Voilà une belle initiative !

Roses ou parapluie à la main, des milliers de Norvégiens ont interprété jeudi à Oslo une chanson pour enfants haïe par Anders Behring Breivik, en signe de défiance envers le tueur qui a écouté le même jour, imperturbable, les témoignages poignants des survivants de son attentat à la bombe.
Malgré la pluie, environ 40.000 personnes, selon la police, ont entonné "Enfants de l'arc-en-ciel" de Lillebjoern Nilsen à quelques centaines de mètres du tribunal où l'extrémiste de droite est jugé pour le massacre de 77 personnes l'an dernier.
Devant la Cour, Breivik avait affirmé vendredi que le chanteur était "un très bon exemple de marxiste" ayant infiltré les milieux culturels et que son morceau servait au "lavage de cerveau des écoliers".
De la personne âgée en fauteuil roulant aux enfants des écoles, des milliers d'anonymes mais aussi les ministres nordiques de la Culture lui ont infligé un cinglant désaveu, en reprenant en chœur les paroles de la chanson sous la conduite de l'artiste lui-même.
La ministre norvégienne, Anniken Huitfeldt, a confié avoir pleuré.
Adaptation de "My rainbow race" de l'Américain Pete Seeger, la chanson est très populaire dans le pays:
Voici la traduction française de Barn av Regnbuen des paroles norvégiennes:



Les enfants de l'arc-en-ciel

Un ciel plein d'étoiles
Une mer bleue aussi loin que le regard se porte
Une terre où les fleurs s'épanouissent
Que voulez-vous de plus ?
Ensemble, nous allons vivre avec
Chaque sœur et chaque frère
Les enfants de l'arc en ciel
Et un sol fertile
Certains pensent que ça ne sert à rien
D'autres perdent leur temps en discussions inutiles
Certains croient que nous pouvons nous contenter
de plastique et de nourriture synthétique
Et si quelqu'un confisque à la jeunesse
la possibilité de lutter contre cela
Ce quelqu'un le volera à tous ceux
qui viendront après nous
Refrain :

Dites à tous les enfants !
Et dites le à tous les pères et mères :
Nous avons une chance
de partager l'espoir sur la terre

"La chanson n'a jamais été aussi belle", a déclaré Lill Hjoennevaag, une des instigatrices de la campagne lancée sur Facebook.
"La mobilisation a été bien au-delà de mes attentes", a-t-elle ajouté, alors qu'un peu plus de 5.000 personnes avaient annoncé leur participation sur le réseau social.
Des rassemblements similaires ont eu lieu ailleurs en Norvège.
Le 22 juillet 2011, Breivik avait tué 69 personnes en tirant sur des centaines de jeunes travaillistes réunis pour un camp d'été sur l'île d'Utoeya, juste après avoir fait exploser une bombe dans le quartier des ministères à Oslo, faisant huit autres victimes.
S'il reconnaît les faits, l'extrémiste de 33 ans plaide non coupable, qualifiant son geste d'"attaques préventives contre les traîtres à la patrie" coupables à ses yeux de livrer la Norvège au multiculturalisme et à "l'invasion musulmane".
"C'est nous qui gagnons", a lancé jeudi Lillebjoern Nilsen, tout de noir vêtu, en s'adressant à la foule multicolore.
A peu près au même moment, Breivik écoutait, sans émotion apparente, les témoignages très forts de personnes ayant survécu à son attentat à la bombe.
Jeune femme pétillante de 24 ans, Anne Helene Lund a raconté comment on l'avait retrouvée, projetée en dehors de la tour abritant les bureaux du Premier ministre et où elle travaillait alors comme réceptionniste pour l'été.
Très grièvement blessée, la jeune femme a subi d'importantes pertes de mémoire: de ses trois années de sciences politiques, l'étudiante ne se rappelle quasiment plus rien et elle doit aujourd'hui suivre des cours de niveau collège.
Lui aussi appelé à la barre, son père, Jan Henrik Lund, médecin de profession, a détaillé les atroces blessures subies par sa fille, passée seulement "à quelques millimètres de la mort" et surnommée "la miraculée" par les secouristes.
"C'était comme vivre le meilleur et le pire simultanément", a témoigné M. Lund, en évoquant le moment où il a retrouvé Anne Helene, gisant dans le coma, dans la soirée du 22 juillet.
"C'était fantastique de la retrouver en vie mais effroyable de la voir blessée à ce point", a-t-il expliqué.
A plusieurs reprises pendant son témoignage, il a dû ravaler ses larmes. La procureur Inga Bejer Engh et des membres du public aussi. Mais pas Breivik qui regardait droit devant lui.
En vacances ce jour-là mais ayant regagné son bureau pour imprimer des documents, Harald Foesker, employé du ministère de la Justice de 67 ans, a raconté que son "visage s'était détaché de la tête" sous l'effet de l'explosion.
"J'étais là et je crachais mes dents", s'est-il souvenu.
Après d'importantes interventions chirurgicales, il a repris partiellement le travail. "C'est à moi de décider quand je veux arrêter de travailler. À personne d'autre", a dit, en se tournant vers l'accusé, le témoin qui a perdu plus de 80% de son acuité visuelle.

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