dimanche 29 avril 2012

La lutte contre la violence ne souffre pas d'exception


Hier, j'ai eu une conversation téléphonique avec une élue dont je ne partage pas les idées mais qui a fait preuve d'un beau courage contre la violence. Prise dans l'ambiance délétère du monde politique elle n'a pas poussé plus loin son offensive qui pourtant était selon moi la seule valable pour une élue : demander à ses collègues de montrer la voie en descendant dans la rue.

Lors de cette discussion téléphonique des plus sympathiques, elle m'a dit très gentiment ne pas avoir été d'accord avec les motifs de la grève de la faim que nous avions entamée, Pierre-Jean, Alain, Christian, Guy et moi, position que je peux comprendre bien que je continue de penser que sur le fond nous avions raison.

Au détour de l'échange, elle me glisse tout de même sa lassitude de constater que les Corses ne se mobilisent guère même s'ils montrent une exaspération devant la violence qui gagne. Et elle ajoute : "Je suis résolument contre la violence mais je ne sais pas comment je réagirais si on s'en prenait à l'un de mes proches." Le propos tenait tout à la fois d'une banalité regrettable (qui n'a pas entendu ce type de réflexion qui dieu merci dans la plupart des cas n'aboutit à rien) mais donnait cependant un éclairage édifiant sur notre situation. Cette jeune femme dont je ne pense le plus grand bien (ses idées politiques sont on ne peut plus honorables) est intelligente… sauf quand il s'agit de ce qu'elle possède de plus précieux. C'est ainsi que la violence nous gangrène. Peu nombreux sont ceux qui justifient la violence délinquante. Même les voyous disent se défendre (adoptant la défense préventive). Tous nous sommes pour les principes sauf quand ils nous dérangent. Nous sommes donc contre la violence à la condition qu'elle ne nous serve pas d'une manière ou d'une autre.

Eh bien, chère amie, je ne suis pas d'accord avec votre position. Nous avons conclu sur l'idée du pardon nécessaire. Sans pardon il n'est pas d'issue. Je n'ai pas toujours été convaincu de la justesse de la non-violence. Je n'ai aujourd'hui pas le moindre doute. La violence engendre la violence et finit par dévorer ceux qui la pratiquent mais aussi hélas ceux qui pensent rester neutres.

Il ne peut y avoir d'exception. La violence doit rester malgré toutes les injustices un pouvoir régalien.

1 commentaire:

  1. Sur la question de la responsabilité et du pardon on peut relire dans l'ordre :
    Oedipe roi puis Antigone puis Oedipe à Colone, cette dernière tragédie propose une réflexion remarquable de Sophocle sur le pardon et d'autant plus remarquable qu'elle est une sorte de testament puisque Sophocle l'aurait écrite à l'âge de 92 ans : sagesse du génie ( sagesse au carré) C. Puidoyeux

    RépondreSupprimer