vendredi 13 avril 2012

Corse: comment la violence serait passée des nationalistes aux mafieux



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Créé le 11/04/2012 à 20h02 -- Mis à jour le 12/04/2012 à 07h14
Un membre de la police scientifique sur les lieux d'un plasticage à Ajaccio, le 10 avril 2012.


DECRYPTAGE – Une nouvelle génération de malfrats tente de dominer celle des anciens...

Vingt-deux homicides et tentatives pour 300.000 habitants en 2011. Un record en Europe que François Hollande ne s’était pas privé de souligner lors de sa visite en Corse en mars dernier, taclant au passage l’échec de la politique de Nicolas Sarkozy en matière de sécurité. Le président-candidat répliquera vendredi 13 avril en tenant meeting au palais des congrès d’Ajaccio.
Ce rendez-vous, à dix jours du premier tour, intervient dans un contexte de violences sur l’île qui a voté pour Nicolas Sarkozy à 60% en 2007. Depuis le début de l’année, six personnes ont été tuées par arme à feu. Derniers en date, Joseph Sisti et son beau-frère, Jean-Louis Chiodi, anciens dirigeants et militants nationalistes. Ces derniers ont été exécutés de sang froid dimanche près d’Aléria (Haute-Corse). A Ajaccio, deux explosions se sont produites ces derniers jours,tuant dimanche un restaurateur a priori sans histoire. «Une erreur de cible», a commenté une source judiciaire.

«La violence a changé de camp»

«Il n’y a pas de revendication ni de message politique dans ces meurtres. Ce sont des règlements de comptes dans la mafia corse», analyse Wanda Dressler, chercheuse attachée au CNRS, auteur de La Corse en question (Ed. Albiana). «La violence a changé de camp depuis plusieurs années en passant du camp des nationalistes aux mafieux», poursuit-elle, écartant la proximité de l’élection présidentielle pour expliquer cette série de meurtres.
«Ce regain de violences ne date pas d’aujourd’hui. Il a commencé il y a six ans», explique une source policière. Et notamment en Corse du Sud avec la mort dans un accident de la route en 2006 de Jean-Jérôme Colonna, surnommé «Jean-Jé» et considéré comme le «parrain» de la région. «Beaucoup ont jugé cet accident comme suspect et croient à un homicide. Son absence comme chef a laissé un vide dans lequel beaucoup veulent s’engouffrer», poursuit cette même source. Au Nord de l’île, le fameux clan de «la brise de mer» -du nom d’un bar du vieux port de Bastia dans lequel la bande s’est constituée– s’entredéchire. «On assiste à une restructuration du milieu avec des jeunes qui veulent se tailler une place chez les grands», commente un policier.

«La frontière entre les nationalistes et la mafia est très poreuse»

Une nouvelle génération qui n’hésite pas à «tirer en plein jour», «dans les espaces publics», au risque de «faire des victimes collatérales». «Ce n’est pas la griffe des nationalistes. On n’a rien à voir avec tout ça», assure anonymement un cadre d’une organisation indépendantiste corse, joint au téléphone par 20 Minutes. «D’ailleurs, certaines personnes se font descendre devant leurs proches. Lors des règlements de compte entre nationalistes, on ne voyait jamais ça», poursuit-il.
Si les policiers pensent y voir la griffe du grand banditisme, la présence de nationalistes dans le Milieu corse est possible . «Ceux qui se sont faits tuer ont trempé de près ou loin dans le politique. Certains étaient d’anciens militants, d’autres même des dirigeants. La barrière entre les deux mondes reste floue», concède un policier. «Aujourd’hui, la frontière entre les nationalistes et la mafia est très poreuse. De nombreux nationalistes se reconvertir dans les affaires: tourisme, bâtiment, commerces. Ça existe et ça a toujours existé», tranche Wanda Dressler. «Mais les Corses ne sont pas dupes. Ces règlements de compte ne sont pas un problème pour eux. Leurs véritables préoccupations quotidiennes sont les mêmes que l’on trouve sur le continent: la précarité, l’emploi, le chômage, le pouvoir d’achat…» conclut-elle.
 William Molinié
Mes commentaires : un article bien rapide, à mon avis. Je ne connais pas cette chercheuse mais il m'apparaît qu'elle ne connaît pas très bien la Corse. Dater le regain de violence de la mort de Jean Jé est abusif. Il avait commencé avant sa mort et nous en avions discuté à plusieurs reprises notamment après l'assassinat de Robert Feliciaggi. L'offensive de la bande dite du Petit Bar avait provoqué des remous sur la région d'Ajaccio. Il y avait par ailleurs bien des tensions en Haute Corse entre les proches de Richard Casanova et ceux de Francis Mariani sans oublier la bande de Venzulasca. En un mot la mort de Jean Jé a précipité un chaos qui était déjà inscrit dans le vieillissement des truands des années 80.

Affirmer que la violence n'est pas un problème pour les Corses est rapidement dit. C'est au contraire un problème très prégnant pour tous les Corses et nous ne parlons que de ça. 

Enfin la mafia n'existe pas en Corse sauf à vouloir désigner par ce concept toute forme de banditisme.

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