lundi 30 avril 2012

La SNCM, « patate chaude » du futur gouvernement


Les menaces sociales qui pèsent sur la compagnie maritime, qui assure le lien entre la Corse et l'Hexagone, risquent de provoquer un vaste mouvement social sur le port de Marseille.

ECRIT PAR
Paul MOLGA
Paul MOLGACorrespondant à Marseille

Les échos
L'avenir de la SNCM s'annonce comme l'un des dossiers sociaux parmi les plus brûlants de la rentrée. « Ce sera l'épreuve du feu »,estime une figure politique marseillaise. Ces derniers mois, la situation de la compagnie phocéenne, qui assure la continuité territoriale entre le continent et la Corse, s'est passablement compliquée après la décision des juges du tribunal administratif de Marseille de valider la demande d'annulation de son contrat déposée par Corsica Ferries, puis le vote consécutif de l'Assemblée de Corse limitant le périmètre de la nouvelle délégation de service public. Dans le meilleur des cas, la compagnie devra se séparer de deux navires et d'un tiers de ses effectifs, soit environ 800 personnes, peut-être dès septembre, selon la direction, qui évoque ouvertement l'hypothèse d'un vaste plan social. Dans le pire des cas, l'entreprise - historiquement liée à la continuité territoriale -devra mettre la clef sous la porte.
Sur le port, qui figure depuis l'après-guerre comme l'épicentre de la contestation sociale marseillaise, ces perspectives promettent un blocage aussi violent et mobilisateur que dans les pires années de grève. « On a tenu des mois pour quelques dizaines de postes. Que pensez-vous qu'il se passera si 800 de nos camarades perdent leur emploi ? » interroge un responsable syndical chez les dockers.
Avec la dernière annonce de Veolia de reprendre à son compte les 66 % codétenus dans la compagnie avec la Caisse des Dépôts, la grogne est encore montée d'un cran dans les rangs cégétistes de la compagnie. « Nous envisageons sérieusement de porter l'affaire au pénal pour dénoncer la collusion manifeste de nos directions, des actionnaires et de la collectivité corse pour détruire nos emplois »,s'énerve le secrétaire général des marins CGT, Frédéric Alpozzo.

L'Etat devra trancher

L'an passé à la même date, la direction avait dû supporter 47 jours de paralysie faute d'entente sur la stratégie de déploiement de la flotte, et perdu 13 millions d'euros dans le conflit. « Il n'est pas certain que Veolia ait les moyens de s'engager dans un nouveau bras de fer », analyse un observateur. L'Etat (actionnaire à 25 %), qui a la minorité de blocage avec les voix des salariés (9 %), devra alors nécessairement trancher.
« Nous avons au moins une autre possibilité, veut croire Frédéric Alpozzo : redéployer la flotte sur les marchés de l'Afrique du Nord qui recèlent d'un potentiel de transport de 5 millions de passagers après le printemps arabe. » Alerté par l'éventualité du retrait d'un de ses navires des quais marseillais au profit du port de Toulon, la compagnie Louis Dreyfus a annoncé sa volonté de mettre en place trois liaisons hebdomadaires vers Tunis sur un navire mixte récent. « Ce serait une erreur stratégique de lui laisser la place libre », estime la CGT.
Paul Molga , Les Echos

Mon commentaire : autant on peut et on doit comprendre la volonté de lutte de ceux qui risquent de perdre leur emploi autant la CGT devrait se poser une question toute simple : ne serait-ce pas son intransigeance et sa gigantesque capacité à croire que l'argent de la Corse doit lui servir avant de servir au service public qui a mené la SNCM droit dans le mur. En premier lieu, la SNCM est une compagnie privée qui, à ce titre, subit la loi de la concurrence. C'est évidemment un état différent de celui d'une compagnie maritime d'état qui bénéficiait du monopole de pavillon, un monopole colonial. Sans avoir la moindre complaisance envers les concurrents de la SNCM, j'avoue en avoir par dessus la tête des oukases marseillais qui profitent d'un argent destiné à l'origine à la Corse afin de faire baisser le coût de la vie. 
Lors d'un précédent conflit la CGT Marseille avait sans honte aucune accusé la Corse de préférence ethnique ce qui était une énorme imbécillité puisque parmi les marins corses il y avait évidemment des personnes de toutes origines. La vérité est que la CGT Marseille défend son bout de gras et interdit à tout autre d'en faire autant. 
La SNCM a été recapitalisé par l'état un nombre incroyable de fois jusqu'à ce que l'Europe l'interdise. La CGT Marseille aurait été bien inspiré plutôt que de s'entêter à vouloir conserver un état hérité de l'après-guerre d'imaginer un autre futur. Aujourd'hui, la Corse a le devoir de défendre ses emplois non pas ethniques mais territoriaux. 
Je crains évidemment les blocages à venir car j'en ai par dessus la tête d'être bloqué dans mon île. De telles actions ne manqueront pas d'aiguiser notre énervement et la solidarité risque fort de manquer si nous sommes tous pris en otage par les marins CGT de Marseille.

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