mercredi 11 avril 2012

Un article de Corse Matin : Ajaccio : une bombe destinée à tuer déclenchée à distance


Ajaccio : une bombe destinée à tuer déclenchée à distance
Le déroulement de l'attentatInfographie François-Philippe Langlade

Les enquêteurs ont retrouvé le câble qui reliait l’engin explosif à un détonateur actionné depuis une Clio volée garée une vingtaine de mètres plus haut, rue Maréchal-Ornano
La bombe qui a explosé dimanche à 2 heures du matin à l’angle de la rue Maréchal-Ornano et de la rue Général-Fiorella était destinée à tuer. C’est désormais une certitude. L’engin explosif, placé au niveau des conteneurs à poubelles a été actionné par un détonateur relié par câble à la bombe et activé manuellement depuis une voiture garée à une vingtaine de mètres.
Dans le véhicule (une Clio noire) se trouvaient, semble-t-il, deux hommes. C’est l’un d’entre eux qui a actionné le dispositif de mise à feu. Dans les secondes qui ont suivi l’explosion, la peur et la confusion ont régné dans tout le quartier. Les poseurs de bombe ont profité de ces quelques instants pour tenter de mettre le feu à la voiture qu’ils occupaient quelques instants plus tôt. Ils n’ont cependant pas vérifié que l’incendie se propageait au véhicule et ont pris la fuite dans une direction qui est demeurée ignorée.
Volée depuis deux mois
Pour les enquêteurs de la PJ, cette Clio qui n’a pas pris feu est une aubaine. Le véhicule qui avait été volé deux mois plus tôt a été littéralement décortiqué. Toutes les traces qui pouvaient éventuellement subsister à l’intérieur seront exploitées. Les tueurs ayant prévu de la brûler, il se pourrait qu’ils n’aient pas été spécialement prudents au moment où ils ont utilisé cette voiture.
Ce « coup de chance » sera le bienvenu car les autres indices matériels ne sont pas légion. En explosant, la bombe a creusé un véritable cratère dans le bitume. Elle a surtout crevé une canalisation d’eau. « Pratiquement tout ce qui aurait pu rester de l’engin a été nettoyé par cette eau... », déplore-t-on de source proche du dossier. De sorte qu’il sera sans doute très compliqué de déterminer la nature de l’explosif utilisé. Quant à la quantité, elle pourrait être équivalente à plusieurs kilos, vraisemblablement compactés dans un extincteur.
Mais pour l’heure, les enquêteurs demeurent particulièrement discrets sur ce type de détails.
Les quelques certitudes de ce début d’enquête laissent une série de zones d’ombres impressionnante. La première question étant : pourquoi utiliser un moyen aussi compliqué qu’une bombe ? On peut affirmer que les tueurs étaient déterminés. Mais l’utilisation des explosifs est totalement atypique. C’est une méthode que l’on n’utilise que dans deux types de cas.
Soit lorsqu’on redoute d’approcher la victime désignée qui est réputée particulièrement bien protégée.
Soit lorsque l’on veut frapper les esprits et semer la terreur dans un endroit donné.
Erreur sur la personne ?
Et c’est là que l’on peut estimer que les choses deviennent incohérentes. Jean-Pierre Rossi n’était pas un homme impossible à approcher. Le patron de restaurant menait une vie plutôt rangée et très régulière. Travaillant dans son commerce de la rue Général-Fiorella tous les jours.
Quant à semer la terreur, il aurait fallu qu’une revendication accompagne cet attentat meurtrier.
Dès lors - et bien que les enquêteurs n’abandonnent aucune piste de travail - la thèse de « l’erreur sur la personne » commence à se faire jour.
Il faisait plutôt sombre dans la rue Maréchal-Ornano dans la nuit de samedi à dimanche. La pluie qui tombait sur Ajaccio n’améliorait pas la visibilité. Et le poseur de bombe était relativement loin de l’engin.
Si cette hypothèse devait se vérifier elle serait proprement monstrueuse. Elle signifierait que des personnes (suffisamment expérimentées pour voler une voiture, préparer un engin explosif et l’actionner) ont été négligentes au point d’appuyer sur le bouton de déclenchement à la vue d’une silhouette mal identifiée.
Il est clair que les auteurs de ce qu’il faut appeler un assassinat ont ensuite fait preuve d’un véritable affolement en s’enfuyant sans couvrir leurs propres traces.
Les obsèques célébrées demain
Hier après-midi, le corps de Jean-Pierre Rossi a été rendu à sa famille. L’autopsie pratiquée dans la matinée n’avait pas apporté d’élément nouveau. Elle confirme que la victime a été atteinte principalement à la tête et au thorax. Et donc qu’elle était à proximité immédiate de la bombe.
Les obsèques de Jean-Pierre Rossi seront célébrées demain, la levée du corps aura lieu à 14 heures à l’espace funéraire Pichetti, l’inhumation suivra au cimetière Saint-Antoine.

Mon commentaire : désormais tout Ajaccio bruisse du nom de la véritable cible. Ce qui frappe en tous les cas dans cet attentat meurtrier c'est l'amateurisme des exécutants. D'abord ce fil de vingt mètres qui fait penser aux explosions de la Seconde guerre mondiale (rappelons-nous du Pont de la rivière Kwai). Ensuite ces types qui tentent de mettre le feu à la voiture mais qui n'y parviennent pas. Par contre, ils avaient volé la voiture un mois auparavant ce qui suppose un endroit où la conserver. Tout cela sent le petit délinquant comme hélas nous en produisons quelques centaines par an, qui se moquent de la vie humaine comme de leur première barboteuse, ne possèdent aucune patience et au bout du compte finiront en prison… ou dans un caniveau.

1 commentaire:

  1. JEan Baptiste Trélati11 avril 2012 à 23:49

    Bonjour

    Je suis un lecteur passionné de votre blog même si je préfère garder le terme de lecteur pour la littérature ce qui reste une passion pour moi.
    Malgré cela vous constaterez aisément que l’utilisation de la langue française et pour moi délicate, et étant le fruit de ce que l’on appelle « les enfants perdus de l’école poste soixante huitarde…), j’ai certaines difficultés à manier l’orthographe et la grammaire.
    Malgré cela je vais essayer d’être le plus claire possible pour transmettre mon idée. A la lecture de votre blog et de vos livres j’ai toujours ressentie chez vous un homme de combat alors j’ai du mal aujourd’hui à comprendre pourquoi face à la violence dans notre île vous pouvez être aussi fataliste.
    Même si je ne partage pas votre combat (grève de la faim) pour des raisons qui me sont propres mais surtout pour des raisons parfaitement bien expliqué par la lettre d’un de vos amis je vous interroge aujourd’hui simplement sur un fait très précis.
    Ne croyez vous pas qu’il serait temps à la population de notre île de prendre enfin son destin en main, et pour cela de refuser la violence, les attentats, les assassinats les pratiques mafieuses, et dans mon utopisme pourquoi les pratiques de clanismes.
    Comment faire ?
    Il me semble que c’est facile pourtant, il suffit d’utiliser cette force que chaque humain possède en lui « le courage ».
    Il suffit d’abandonner ce que chaque être humain possède en lui « le narcissisme du pouvoir »
    En pratique cela commencerai par utiliser deux leviers d’actions qui vous le conviendrais on fait leurs preuves (vous l’avez-vous-même avouez récemment).
    La grève de la faim et la démission.
    Arrêter la violence dans une île de 300 000 milles habitants me semble facile. Avec 50% au moins concentré dans deux villes et un territoire sans aucune connexion terrestre directe.
    Arrêter la violence cela commence par une action politique forte. La démission. Au lieu de provoquer des réunions sans fin des motions qui ne servent à rien, pourquoi ne pas avoir le courage unilatéralement d’abandonner tout mandat politique. Voila une action forte. Remettre à l’état la responsabilité de ce qu’elle ne veut pas assumer.
    Vous ne voulez pas faire votre travail, alors voila l’ensemble de nos mandats et débrouiller vous avec.
    A mon sens cette action devrait s’accompagner d’une grève de la faim de personnage emblématique de la société civile.
    Imaginer de tableaux plus d’actions politiques en corse, une partie de la population en grève de la faim, quelle décision prendrait l’état face à cette révolution pacifique.
    Ces deux actions accompagnées d’un arrêt du travail de l’ensemble de la population.
    L’état français prendrait t’elle la responsabilité d’abandonner 300 000 personnes uniquement par lâcheté de ne pas faire son travail dans les services de sa police.
    Mais effectivement pour tout cela il faudrait du courage. Et aujourd’hui le courage se distille dans les paradis artificielle d’une urne électorale que nous allons garnir allégrement dans 10 jours pour se donner l’illusion de participer à la démocratie.

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