mercredi 11 avril 2012

Et un plasticage de plus… du rêve en moins


Le café Albert Ier bien connu de tous les Ajacciens a été la victime cette nuit d'un plasticage. Ses propriétaires venaient de tout refaire à neuf. La presse continentale comptabilise cet attentat parmi les assassinats divers et variés. Pour l’Albert Ier il vaut mieux regarder du côté de la concurrence ou pire du racket. Car la guerre entre bandes a décimé le milieu ajaccien. Des places sont donc à prendre dans le domaine du méfait divers. Et les candidats vont se bousculer. Chacun sait que dans la ville impériale la drogue est vendue à tous les coins de rue. Hier, l'héroïne occupait une place dominante. Aujourd'hui il se dit que c'est la cocaïne. La police et la gendarmerie ont beau multiplier les efforts : les arrivages paraissent toujours plus importants. Chaque cache d'armes découvertes contient également de l'argent en liquide et de la came. Beaucoup d'assassinats sont commis par de jeunes tueurs dopés jusqu'aux yeux.

En Corse, chacun sait qu'il faut faire attention au moindre incident de circulation. Les jeunes sont le plus souvent calibrés et le ton monte vite. Il m'est arrivé d'avoir à faire non loin de chez moi à un excité qui, parce qu'il avait jugé mon geste de la main inconvenant, m'a bloqué et est sorti de sa voiture un pistolet à la main. Nous avons tous le sentiment d'une société double. La plupart du temps, nous avons l'impression d'une sécurité infinie plus grande que sur le continent. Les Corses sont plutôt calmes, polis. Et puis soudain tout change. L'alcool y est pour beaucoup. Car c'est là un autre mal de notre île : l'alcoolisation des jeunes. C'était déjà dès la fin du XIXe siècle un des facteurs criminogènes importants. L'excitation produite par l'alcool et le refus de perdre la face a été à l'origine de bien des assassinats. La plupart des bandits étaient des brutes alcooliques.

Bref en ce moment précis, j'en ai assez de cette violence qui m'inquiète pour mes enfants. Le plus grand de mes garçons qui n'a pas encore quinze ans, est pris dans une ambiance très particulière faite de facilité factice et d'indolence. Le beau temps arrivant, les garçons traînent leur nonchalance sur le bord de mer, souvent habillé d'un t-shirt et d'un caleçon de bain. Autrefois, les jeunes gens devaient travailler pour s'en tirer. Aujourd'hui tout semble facile. Je n'ai pourtant pas le sentiment d'être un père laxiste. Mais l'éducation de mes enfants file entre mes doigts comme du sable sur la plage. Qui montrer du doigt ? Avec mes trois derniers enfants, je suis pris dans un maelström dès le matin. Lever à 6h30mn. Dès 7h15 c'est le réveil au clairon pour les enfants. Une demi-heure plus tard, nous continuons de jouer du clairon pour les deux garçons. Vers 8 heures nous nous trouvons en plein énervement. Péniblement, je démarre à 8h10 pour déposer le plus jeune devant son école. Entre-temps, il a fallu nourrir les chats. Foutus animaux qui dès potron minet exigent leur pitance que je dois leur concéder avant de m'occuper de moi.

Bref je suis de mauvaise humeur et le plasticage de cette nuit n'a fait qu'ajouter à mon immense envie de quitter cette ambiance au moins pendant deux semaines. Je rêve de rentrer chez moi, de mettre les pieds sous la table, d'écouter du Bach en lisant un livre de spiritualité, de ne plus entendre de cris, de pouvoir rêver des heures durant sans être interrompu. Bref un plasticage en plus, du rêve en moins.

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