vendredi 6 avril 2012

L'échec des rafles de Guéant


Les six dernières gardes à vue des islamistes radicaux présumés, interpellés mercredi matin dans plusieurs villes de France ont été levées ce vendredi.
Sur les dix personnes interpellées mercredi, quatre avaient été remises en liberté jeudi soir et les six autres ont été relâchées vendredi, a-t-on précisé. Au total, huit objectifs avaient été visés à Marseille, Roubaix, Pau ou Valence.
Ce nouveau coup de filet avait été lancé mercredi matin dans "les milieux islamistes radicaux" selon la terminologie du ministère de l'intérieur reprise sans précaution par les médias.
 Plusieurs arrestations avaient déjà eu lieu notamment à Roubaix, Marseille, Pau, Valence, Carpentras (Vaucluse) et Bon-Encontre (Lot-et-Garonne). Au total, huit "objectifs" avaient été visés et une douzaine de personnes avaient été interpellées devant les caméras de journaux télévisés convoqués pour l'occasion.
Ce coup de filet avait été mené par les services de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), avec l'appui du Raid et du Groupement d'intervention de la police nationale (GIPN) toujours aussi mal renseignés. Aucune arme n'avait été saisie mais de nombreux ordinateurs avaient été confisqués. L'enquête préliminaire avait été menée par le parquet antiterroriste de Paris.
Vers 6 heures mercredi, une vingtaine de policiers cagoulés avaient investi un petit immeuble de trois étages dans un quartier résidentiel de Roubaix dans le Nord, proche du quartier populaire de l'Alma, selon l'Agence France Presse. Une autre opération de police s'était déroulée quasi simultanément à deux rues de là, selon des journalistes sur place. Trois personnes avaient été interpellées.
Le père d'un des Roubaisiens affirmait alors ne pas comprendre pourquoi son fils avait été placé en garde à vue. "Il n'est pas parti là-bas pour faire le djihad. Le djihad, il faut au moins deux ou trois ans pour apprendre. Il a le droit de faire des voyages à l'étranger. On est libres ou on n'est pas libres ? C'est un fils de France. C'est juste parce qu'il a une petite barbe, qu'il va à la mosquée... Liberté, égalité, c'est ça la France ? ", avait-il déploré au micro d'Europe 1.
A Marseille, dans les quartiers Nord, une opération avait également été menée discrètement dans la cité Kallisté où un père et son fils ont été interpellés. A Valence et Pau, c'était, à chaque fois, deux frères qui avaient été appréhendés. A Carpentras, une personne avait été interpellée. A Bon-Encontre, il s'agissait d'un citoyen français converti à l'Islam.
Les individus interpellés seraient des personnes isolées, sans liens connus avec des organisations structurées. Ils étaient déjà fichés par la police pour des actes de petite délinquance et se seraient auto-radicalisés. Si certains auraient déjà effectué des séjours à l'étranger pour mener le jihad (en Afghanistan, au Pakistan, dans la région du Sahel ou en Somalie), d'autres en auraient eu l'intention.
Selon les informations d'Europe 1, certains avaient été repérés sur des sites Internet islamistes où ils auraient tenu des propos menaçants sur des forums. Certains pratiquaient par ailleurs des sports de combat ou du paintball.
Cette nouvelle opération était intervenue moins d'une semaine après l'interpellation de membres du groupe salafiste Forsane Alizza le 30 mars. Mardi, treize d'entre eux avaient été présentés à des juges d'instruction en vue de leur mise en examen pour "détention d'armes et association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste".
En résumé, les rafles présentées d'abord comme une grande offensive contre l'islamisme radical se transforme en une parodie policière grotesque si elle n'avait été accompagnée des habituels ruptures de portes, brutalités et humiliations.

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