lundi 2 avril 2012

Alain Orsoni a fait un malaise

C'est à 10h30 que j'ai reçu un message de Marinette, la mère d'Alain Orsoni. Elle me prévenait que celui-ci avait fait un malaise. Il avait chuté et était resté inanimé quelques minutes sur le sol. Je suis tout de suite arrivé. Alain était dans un fichu état. Il parvenait à peine à articuler les mots. J'ai eu le sentiment d'être en face de quelqu'un au bout du rouleau. Il m'a bredouillé de prévenir la presse qu'il avait perdu connaissance vraisemblablement pour tenter d'attendrir la justice mais qu'en tout état de cause il ne voulait pas d'hospitalisation et surtout pas arrêter la grève de la faim. J'avoue que j'étais perdu. Mon sentiemnt est qu'il fallait arrêter la grève de la faim pour donner le sentiment à la justice que nous n'exercions pas de pression supplémentaire. Mais je ne voulais surtout pas sembler me désolidariser d'Alain et de son fils. Frédérique Campana, la mère de Guy et Me Romani sont montés le voir pour le supplier d'accepter la visite d'un docteur. Il a d'abord refusé puis il a bien voulu que le docteur Testou, le docteur de l'ACA monte le voir. Le docteur Testou nous avait examinés quelques jours plus tôt. Il nous avait averti que son devoir était de nous avertir que nous ne pourrions pas tenir indéfiniment. Alain, surtout, le plus ancien des grévistes, allait devoir arrêter faute de quoi il risquait sa peau. 


Pour ce que je connais d'Alain il est bien capable de mettre sa peau dans la balance pour sortir son fils du cul de basse fosse dans lequel il se trouve. Notre rôle consiste à lui rappeler qu'il s'agit de sauver des existences et non de les sacrifier. Le docteur Testou a fait savoir une fois de plus qu'Alain n'en avait plus pour très longtemps avant de sombrer et que cet évanouissement était un sombre présage.


En fin d'après-midi, nous avons appris que Guy avait été entendu par le juge des Libertés dans l'enceinte même de la prison des Baumettes tout simplement parce qu'il n'est plus transportable. Le procureur a demandé le maintien en détention après qu'eut été lu un rapport médical écrit sans que le praticien ait examiné Guy Orsoni. Le rapport expliquait que 40 jours de grève de la faim est en soi supportable. Double problème : Guy n'en est plus à 40 jours mais à 10 de plus ce qui est énorme. Alain en est à 43. Bref, la justice joue avec leur vie. Par ailleurs, je comprends fort bien que les magistrats ne veuillent pas le libérer car alors il suffirait que n'importe quel voyou cesse de s'alimenter pour retrouver sa liberté. Mais nous avons fait la proposition de l'assignation à résidence à Paris avec bracelet électronique ce qui est reconnu par la loi comme un substitut à la prison.


Je ne sais pas où nous allons. Je suis très inquiet pour Alain. La juge des libertés rendra son verdict vendredi deux jours après l'appel de Guy sur une demande déjà refusée. Très honnêtement, ce n'est guère encourageant. Mais nous verrons bien. 


Pierre Jean a enterré sa mère aujourd'hui. Nous pensons beaucoup à lui.

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