samedi 3 novembre 2012

Hollande et Valls doivent s'expliquer et Aurore Martin doit revenir en France


Des représentants de partis politiques, syndicats, associations et membres de la société civile, réunis samedi à Bayonne, ont demandé au président des explications sur l'arrestation de la militante basque d'autant que François Hollande, alors candidat, avait pris position pour Aurore Martin.
Après Manuel Valls, le Max Dormoy moderne, c'est au tour de François Hollande de devoir répondre aux questions posées à gauche. Les condamnations se multiplient à l'égard du président et de son ministre de l'Intérieur depuis l'interpellation, jeudi, de la militante de Batasuna la première Française remise à un pays étranger.
Samedi, des représentants de partis politiques, syndicats, associations et membres de la société civile, réunis lors d'une conférence de presse à Bayonne, ont demandé des explications au chef de l'État sur les conditions de l'arrestation et de la remise à l'Espagne d'Aurore Martin. «En juillet 2011, François Hollande en vacances au Pays basque avait demandé la clémence à Claude Guéant concernant Aurore Marin. Que pense-t-il aujourd'hui de son ministre de l'Intérieur Manuel Valls?», s'est interrogé Laurence Hardouin, de la Cimade.
«On nous dit que cette arrestation est fortuite. Je demande au gouvernement de procéder à une enquête», a renchéri le sénateur MoDem des Pyrénées-Atlantiques, Jean-Jacques Lasserre.
L'écologiste Martine Bisauta, adjointe au maire de Bayonne, a quant à elle demandé à «François Hollande, président normal de répondre normalement à notre question: qui est à l'origine de cette arrestation et pourquoi la France a fait droit à la demande de l'Espagne?» Selon la sénatrice PS des Pyrénées-Atlantiques, Frédérique Espagnac, «il est nécessaire que le gouvernement réponde, pour le bon-vivre en Pays basque». «Nous allons solliciter le gouvernement, intervenir auprès des autorités espagnoles par l'intermédiaire de notre ambassadeur et saisir le Conseil constitutionnel», a-t-elle prévenu.
Vendredi, seize élus «socialistes et républicains» du Pays basque s'étaient déjà dits «consternés» par cette affaire. Dans un texte commun, cosigné notamment par trois parlementaires PS, ils condamnaient l'application du mandat d'arrêt européen (MAE) dont Aurore Martin faisait l'objet depuis 2010 et réclamaient son «retour immédiat (...) sur le territoire français». Ils rappellaient leur opposition constante à ce mandat qui, dans son cas, vise des faits interdits en Espagne, mais autorisés en France. Madrid reproche à Aurore Martin d'avoir participé en Espagne à des réunions publiques comme membre de Batasuna. Or, ce parti, interdit par les autorités espagnoles qui le considèrent comme le bras politique de l'organisation séparatiste basque ETA, est légal en France.
Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF et conseiller municipal de Pau, avait qualifié cette interpellation de «honte», ciblant directement Manuel Valls. «Ce que Claude Guéant n'avait pas osé faire, le ministre Valls vient de le commettre», avait-il dénoncé. Avant de prévenir: «Les parlementaires communistes interpelleront le gouvernement» la semaine prochaine à ce sujet.
Le Parti de gauche avait également filé la comparaison avec l'ancien ministre, en observant que «là où en 2011, Guéant et Sarkozy avaient reculé, Valls et Hollande n'ont pas hésité une seconde à livrer, sous couvert d'un mandat d'arrêt européen, une citoyenne française poursuivie pour des faits légaux dans notre pays».
«Choquées» également, les antennes Europe Écologie-Les Verts EELV Aquitaine et Pays basque s'étaient inquiétées de voir «pratiquer une répression que rien ne justifie dans le climat actuel». Le député maire de Bègles (Gironde), Noël Mamère, avait estimé pour sa part que le locataire de la Place Beauvau jouait «un jeu extrêmement dangereux dans le but de soigner son image de ministre de l'Intérieur intransigeant». Manuel Valls «semble vouloir créer la discorde en entretenant sciemment l'amalgame et la confusion», avait renchéri EELV.
À l'UMP, les critiques étaient plus rares vendredi. Le conseiller Max Brisson a vu dans cette affaire «un nouveau signal préoccupant pour tous ceux qui œuvrent pour un Pays basque apaisé et le vivre ensemble».
De son côté, la présidente du FN, Marine Le Pen, a regretté la décision de Manuel Valls, jugeant qu'«un gouvernement français n'a pas à extrader ses nationaux».
Parmi les rares défenseurs de Manuel Valls à gauche, Jean-Jacques Urvoas, le président PS de la commission des lois de l'Assemblée nationale a déclaré «Dans cette affaire, Manuel Valls n'a pris aucune décision. Il n'y a donc nulle raison de le mêler à cette polémique». Samedi, Bruno Le Roux, président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, a également fait part de son soutien au gouvernement, estimant de manière laconique et peu convaincante que la polémique à ce sujet «n'a pas lieu d'être». «L'Etat a respecté l'indépendance de la justice qui a pris cette décision après que toutes les voies de recours ont été épuisées», a-t-il déclaré.
François Hollande va devoir se prononcer sur cette nouvelle "erreur" qui rappelera aux plus anciens l'attitude des ministres de Front populaire qui en 1937 firent tirer sur des anti-fascistes, refusèrent toute aide aux Républicains espagnols. 

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