Des représentants
de partis politiques, syndicats, associations et membres de la société civile,
réunis samedi à Bayonne, ont demandé au président des explications sur
l'arrestation de la militante basque d'autant que François Hollande, alors
candidat, avait pris position pour Aurore Martin.
Après
Manuel Valls, le Max Dormoy moderne, c'est au tour de François Hollande de
devoir répondre aux questions posées à gauche. Les condamnations se multiplient
à l'égard du président et de son ministre de l'Intérieur depuis
l'interpellation, jeudi, de la militante de Batasuna la première Française
remise à un pays étranger.
Samedi,
des représentants de partis politiques, syndicats, associations et membres de
la société civile, réunis lors d'une conférence de presse à Bayonne, ont
demandé des explications au chef de l'État sur les conditions de l'arrestation
et de la remise à l'Espagne d'Aurore Martin. «En juillet 2011, François
Hollande en vacances au Pays basque avait demandé la clémence à Claude Guéant
concernant Aurore Marin. Que pense-t-il aujourd'hui de son ministre de
l'Intérieur Manuel Valls?», s'est interrogé Laurence Hardouin, de la Cimade.
«On
nous dit que cette arrestation est fortuite. Je demande au gouvernement de
procéder à une enquête», a renchéri le sénateur MoDem des Pyrénées-Atlantiques,
Jean-Jacques Lasserre.
L'écologiste
Martine Bisauta, adjointe au maire de Bayonne, a quant à elle demandé à «François
Hollande, président normal de répondre normalement à notre question: qui est à
l'origine de cette arrestation et pourquoi la France a fait droit à la demande
de l'Espagne?» Selon la sénatrice PS des Pyrénées-Atlantiques, Frédérique
Espagnac, «il est nécessaire que le gouvernement réponde, pour le bon-vivre en
Pays basque». «Nous allons solliciter le gouvernement, intervenir auprès des
autorités espagnoles par l'intermédiaire de notre ambassadeur et saisir le Conseil
constitutionnel», a-t-elle prévenu.
Vendredi,
seize élus «socialistes et républicains» du Pays basque s'étaient déjà dits
«consternés» par cette affaire. Dans un texte commun, cosigné notamment par
trois parlementaires PS, ils condamnaient l'application du mandat d'arrêt
européen (MAE) dont Aurore Martin faisait l'objet depuis 2010 et réclamaient
son «retour immédiat (...) sur le territoire français». Ils rappellaient leur
opposition constante à ce mandat qui, dans son cas, vise des faits interdits en
Espagne, mais autorisés en France. Madrid reproche à Aurore Martin d'avoir
participé en Espagne à des réunions publiques comme membre de Batasuna. Or, ce
parti, interdit par les autorités espagnoles qui le considèrent comme le bras
politique de l'organisation séparatiste basque ETA, est légal en France.
Olivier
Dartigolles, porte-parole du PCF et conseiller municipal de Pau, avait qualifié
cette interpellation de «honte», ciblant directement Manuel Valls. «Ce que Claude
Guéant n'avait pas osé faire, le ministre Valls vient de le commettre»,
avait-il dénoncé. Avant de prévenir: «Les parlementaires communistes
interpelleront le gouvernement» la semaine prochaine à ce sujet.
Le
Parti de gauche avait également filé la comparaison avec l'ancien ministre, en
observant que «là où en 2011, Guéant et Sarkozy avaient reculé, Valls et
Hollande n'ont pas hésité une seconde à livrer, sous couvert d'un mandat
d'arrêt européen, une citoyenne française poursuivie pour des faits légaux dans
notre pays».
«Choquées»
également, les antennes Europe Écologie-Les Verts EELV Aquitaine et Pays basque
s'étaient inquiétées de voir «pratiquer une répression que rien ne justifie dans
le climat actuel». Le député maire de Bègles (Gironde), Noël Mamère, avait
estimé pour sa part que le locataire de la Place Beauvau jouait «un jeu
extrêmement dangereux dans le but de soigner son image de ministre de
l'Intérieur intransigeant». Manuel Valls «semble vouloir créer la discorde en
entretenant sciemment l'amalgame et la confusion», avait renchéri EELV.
À
l'UMP, les critiques étaient plus rares vendredi. Le conseiller Max Brisson a
vu dans cette affaire «un nouveau signal préoccupant pour tous ceux qui œuvrent
pour un Pays basque apaisé et le vivre ensemble».
De son
côté, la présidente du FN, Marine Le Pen, a regretté la décision de Manuel
Valls, jugeant qu'«un gouvernement français n'a pas à extrader ses nationaux».
Parmi
les rares défenseurs de Manuel Valls à gauche, Jean-Jacques Urvoas, le
président PS de la commission des lois de l'Assemblée nationale a déclaré «Dans
cette affaire, Manuel Valls n'a pris aucune décision. Il n'y a donc nulle
raison de le mêler à cette polémique». Samedi, Bruno Le Roux, président du
groupe socialiste à l'Assemblée nationale, a également fait part de son soutien
au gouvernement, estimant de manière laconique et peu convaincante que la
polémique à ce sujet «n'a pas lieu d'être». «L'Etat a respecté l'indépendance
de la justice qui a pris cette décision après que toutes les voies de recours
ont été épuisées», a-t-il déclaré.
François
Hollande va devoir se prononcer sur cette nouvelle "erreur" qui rappelera
aux plus anciens l'attitude des ministres de Front populaire qui en 1937 firent
tirer sur des anti-fascistes, refusèrent toute aide aux Républicains espagnols.
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