L'étymologie de Pâques
« Pâque » vient du
latin populaire pascua, altération (par influence de pascua « nourriture »,
du verbe pascere « paître », pasce en corse) du latin ecclésiastique Pascha, emprunté au
grec πάσχα / páskha, lui-même emprunté à l'hébreu פסח Pessa'h « il
passa [par-dessus] », d'où « passage », est le nom de la fête juive qui commémore la sortie d'Égypte. D'après
les Évangile,
c'est pendant cette fête juive qu'eut lieu la résurrection de Jésus ;
c'est pourquoi le nom en a été repris pour désigner la fête chrétienne.
À
l'origine, la Pâque juive
À l'origine, il existait deux fêtes pour célébrer
le printemps :
- le ḥag ha-pessaḥ : fête de l'agneau
pascal. C'est une fête pastorale dont l'origine remonte au temps où le peuple hébreu
était un peuple de nomades. Le rite du sang a une valeur importante : on
prenait le sang de l'agneau pour oindre le pourtour des portes d'entrée de la
tente ou de la cabane. C'était un rite de protection pour détourner les mauvais
esprits et protéger ainsi la famille.
Le mot Pâque désignait ainsi la fête et aussi l'animal que l'on sacrifiait et que l'on mangeait. Ce sacrifice était encore pratiqué au temps de Jésus mais ne l'est plus depuis la destruction du temple de Jérusalem en 70. - le ḥag ha-matsoth חג המצות : fête du pain sans levain. C'est une fête agricole célébrée par un peuple sédentaire au début de la moisson. Le pain sans levain porte aussi le nom de pain azyme, du grec ἂζυμος de ζύμ (levain)
Dans un second temps, ces fêtes ont été associées à l'exode du peuple hébreu, du grec ἔξοδος : sortie. Selon la Bible, à l'époque des pharaons, les Hébreux vivaient en esclavage en Égypte. L'exode représente la sortie d'Égypte, la libération du peuple hébreu.
Dans la Torah, Dieu annonce le dixième fléau qui allait frapper les Égyptiens : la mort de tous les nouveau-nés à l'exception de ceux dont la maison serait protégée par un signe particulier. La dernière de ces plaies montre donc comment l’ange de la mort passa par-dessus (en anglais : Passover – nom pour la Pâque) les maisons des Israélites. Ils avaient reçu la directive de badigeonner les linteaux de leur porte avec du sang d'agneau (référence au sacrifice d'Abraham) pour que leurs premiers-nés ne meurent pas. Lors de cette première Pâque, ce ne fut donc que le sang de l’agneau sacrifié qui protégea leurs maisons. La plaie atteignit tous les premiers-nés d’Égypte, mais ceux des Israélites furent sauvés par ce sang. C’est l’obéissance aux ordres de Dieu et la foi en ses promesses qui leur permit de conserver la vie.
Nous retrouvons le récit de la Pâque dans Exode 12 :12-14. Le verset 14 déclare que la Pâque était une cérémonie commandée par Dieu en tant que rappel annuel qui devait être observé par Israël « à perpétuité ». Ce même commandement est répété dans Lévitique 23 :5). Exode 12 :15 nous présente la fête appelée les Pains sans Levain (aussi mentionnée dans Lévitique 23 :6-8), qui suivait immédiatement la Pâque année après année. Voilà pourquoi Actes 12 :3 dit : « C’était pendant les jours des pains sans levain », avant de mentionner la Pâque dans le verset suivant. Ces jours étaient toujours célébrés conjointement. Tu ne mangeras pas du pain levé ; pendant sept jours, tu mangeras des pains sans levain - du pain de misère, car c'est en hâte que tu es sorti du pays d'Égypte - pour te souvenir tous les jours de ta vie., du jour où tu es sorti du pays d'Égypte. (Deutéronome XVI)
La
Pâque est donc devenue la célébration de la libération du peuple hébreu. C'est
la traversée de la mer Rouge qui sépare le pays de la servitude de la terre
promise. C'est le passage de l'esclavage à la liberté. C'est la renaissance du
peuple d'Israël, comme le printemps est la renaissance du printemps.
Pâque,
c'est le triomphe de la liberté sur l'esclavage. Pâque, c'est la fête de la libération,
la fête de la liberté.
Aujourd'hui,
les Juifs font une célébration familiale le premier soir : c'est le Sédèr.
Et si aujourd'hui, ils ne sacrifient plus l'agneau pascal, le pain sans levain
et le vin occupent toujours une place essentielle. Pas question d'avoir du
levain chez soi, et encore moins d'en manger, pendant les 7 jours qui suivent
la célébration de Pâque.
Sur
la table, on réserve une coupe de vin au prophète Élie : c'est la Coss
'Eliyahou. Il tient un rôle particulier car l'Ancien Testament raconte qu'il
est monté au ciel (sur un char de feu…). Il n'est donc pas mort ! On peut
croire à son retour qui marquera le signe d'une ère de paix et d'amour. Cette
coupe est une façon de souhaiter la bienvenue à Élie, ou bien à son prochain…
Traditionnellement, la porte d'entrée est ouverte ce soir-là pour l'accueillir…
Les
Pâques chrétiennes
Les chrétiens célèbrent, à Pâques, la mort et la
résurrection de Jésus. Cela s'est passé autour de l'an 30. À cette époque,
nombreux étaient les juifs qui allaient célébrer Pâques en pèlerinage à Jérusalem.
Ils sacrifiaient l'agneau au temple puis le mangeaient en famille. Jésus fait,
lui aussi, ce pèlerinage. Il semble avoir été accueilli en triomphe à Jérusalem.
Cependant, son état d'esprit critique envers la religion établie lui attire les
foudres du clergé. Il est alors jugé par un tribunal et condamné à être livré
aux Romains… pour s'en débarrasser. À cette époque, le gouverneur romain
s'appelait Ponce Pilate, homme qui avait la réputation de ne pas être un
tendre. Il a fait crucifier Jésus, pour répondre aux souhaits de l'opinion
publique, qui se range volontiers du côté de la tradition…
Les rédacteurs des Évangiles ont toujours été influencés par l'Ancien Testament tout simplement parce qu'ils étaient juifs et issus de la religion juive. À la Pâque juive s'est substituée la célébration de la Cène, le dernier repas que Jésus partage avec ses disciples, la veille de son arrestation. C'est devenu le principal rite chrétien.
Pendant
le repas, il prit du pain, et après avoir prononcé la bénédiction, il le
rompit, le leur donna et dit : "prenez, ceci est mon corps".
Puis il prit une coupe, et après avoir rendu grâce, il la leur donna et ils en
burent tous. Et il leur a dit : "ceci est mon sang, le sang de
l'alliance…" (Marc XIV, 22)
Cette
cène est avant tout une allégorie. L'influence du rite juif est manifeste. Le
pain et le vin étaient associés à Pâque avant la naissance de Jésus. À la coupe
d'Élie s'est substituée la coupe de Jésus devenu l'agnus Dei qui prend la place de l'agneau pascal offert en
sacrifice. Et l'Ascension de Jésus ne peut que rappeler celle d'Élie…
Aujourd'hui, la mort de Jésus est célébrée le vendredi
saint. Et Jésus est ressuscité le troisième jour, c'est à dire le dimanche de Pâques
(dans l'Antiquité le premier jour compte pour un jour !
Pâques est donc avant tout la fête de
l'espérance, de la mort vaincue par la vie et la promesse d'un monde meilleur.
C'est aussi celle du sacrifice de Jésus habité par le Christ, à la fois homme
fils de l'homme et fils de Dieu. C'est la reconnaissance de la matière par
l'esprit. C'est aussi un appel à l'homme de reconnaître ce qu'il a de divin en
lui.
Matthieu 28
Après le sabbat, à l’aube du premier jour de la
semaine, Marie de Magdala et l’autre Marie allèrent voir le sépulcre.
Et voici, il y eut un grand tremblement de
terre ; car un ange du Seigneur descendit du
ciel, vint rouler la pierre, et s’assit dessus.
ciel, vint rouler la pierre, et s’assit dessus.
Son aspect était comme l’éclair, et son vêtement
blanc comme la neige.
Les gardes tremblèrent de peur, et devinrent
comme morts.
Mais l’ange prit la parole, et dit aux femmes :
Pour vous, ne craignez pas ; car je sais que vous cherchez Jésus qui a été
crucifié.
Il n’est point ici ; il est ressuscité, comme il l’avait dit. Venez, voyez le lieu où il était couché,
et allez promptement dire à ses disciples qu’il
est ressuscité des morts. Et voici, il vous précède en Galilée : c’est là
que vous le verrez. Voici, je vous l’ai dit.
Elles s’éloignèrent promptement du sépulcre, avec crainte et avec une grande joie, et elles coururent porter la nouvelle aux disciples.
Et voici, Jésus vint à leur rencontre, et dit : Je vous salue. Elles s’approchèrent pour saisir ses pieds, et elles se prosternèrent devant lui.
Alors Jésus leur dit : Ne craignez pas ; allez dire à mes frères de se rendre en Galilée : c’est là qu’ils me verront.
Merci Gabriel pour ces lignes toujours très enrichissantes !! Patch'é salout'
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