lundi 30 avril 2012

Violence ou non-violence selon Gandhi


"Je n'hésite pas à dire que là où le choix existe seulement entre la lâcheté et la violence, il faut se décider pour la solution violente. Ainsi, mon fils aîné m'a demandé ce qu'il aurait dû faire s'il avait été témoin de l'attentat qu'il faillit me coûter la vie en 1908 : fallait-il s'enfuir et me laisser assassiner ou recourir à la force physique pour me venir en aide. Je luis répondis qu'il eut été de son devoir de me défendre, au besoin pas la violence. Cette explication n'est pas sans rapport avec ma participation à la Guerre des Boers puis à ce qu'on a appelé la révolte des Zoulous et enfin à la première guerre mondiale. C'est pour la même raison que je recommande l'entraînement militaire à ceux qui ne croient  qu'à la violence. J'aimerais mieux que l'Inde défendit son honneur pas la force des armes plutôt que de la voir assister lâchement et sans se défendre à sa propre défaite.

    Mais je n'en crois pas moins que la non-violence est infiniment supérieure à la violence et que la clémence est autrement plus noble que le châtiment. Le pardon est la parure du guerrier. Mais l'absence de violence ne signifie clémence que s'il y a possibilité de punir. Elle se trouve au contraire dénuée de toute signification dès lors qu'on n'a aucun moyen pour riposter. L'idée ne nous viendrait pas que la souris est clémente parce qu'elle se laisse dévorer par le chat".

 "La non-violence est un principe universel qui doit triompher même dans l'adversité. C'est précisément lorsqu'elle doit affronter un milieu hostile qu'on peut mesurer son efficacité. Notre non-violence ne rimerait à rien si son succès devait dépendre du bon vouloir des autorités en place....
    
On ne peut pas être vraiment non-violent et rester passifs devant les injustices sociales.
  
La résistance passive est une méthode qui permet de défendre tout droit qui se trouve menacé en faisant retomber sur soi les souffrances qui peuvent en résulter. C'est le contraire de la résistance armée. Quand je refuse de faire une chose qui répugne à ma conscience, je fais appel à la force de l'âme. Supposons que le gouvernement fasse passer une loi qui m'atteint dans certains de mes intérêts. Si je recours à la violence pour faire abroger la loi, j'emploie ce qu'on peut appeler la force du corps. Si au contraire, je n'obéis pas à la loi tout en acceptant d'encourir les sanctions prévues, je mets en oeuvre  la force de l'âme, ce qui suppose le sacrifice de soi...
    
Une série d'expérience qui s'étendent sur ces trente dernières années dont les huit années en Afrique du Sud) me confirme que l'avenir de l'Inde et du monde tient à l'adoption de la non-violence. c'est le moyen le plus inoffensif et le plus efficace pour faire valoir les droits politiques et économiques de tous ceux qui sont opprimés et exploités. La non-violence n'est pas une vertu monacale destinée à procurer la paix intérieure et à garantir le salut individuel. Mais c'est une règle de conduite nécessaire pour vivre en société, car elle assuire le respect de la dignité humaine et permet de faire avancer la cause de la paix, selon les voeux les plus chers de l'humanité". 

 "D'un point de vue positif, l'ahimsa signifie un maximum d'amour, une charité parfaite. Si je suis non-violent, de dois aimer mon ennemi. Mon comportement vis-à-vis d'un malfaiteur doit être le même, qu'il s'agisse d'une ennemi étranger à ma famille ou de mon propre fils. L'ahimsâ, pour être efficace, exige l'intrépidité et le respect de la vérité. On ne saurait en effet no craindre ni effrayer celui qu'on aime. de tous les dons qui nous ont été faits, celui de la vie est sans doute le plus précieux. Celui qui faite le sacrifice de ce don désarme toute hostilité. il ouvre la voie de la compréhension mutuelle des adversaires et à un règlement honorable du conflit. Nul ne peut vraiment faire don de ce trésor, qui reste soumis à la peur. Il est impossible d'être à la fois lâche et non-violent. L'ahimsâ est synonyme de vaillance exemplaire.
     
Ayant renoncé à l'épée, je n'ai rien d'autre que la coupe de l'amour à offrir à mes adversaires. C'est grâce à cette offrande que je compte me rapprocher d'eux...
    
La non-violence ne consiste pas à s'abstenir de tout combat réel, face à la méchanceté. Au contraire, je vois dans la non-violence une forme de lutte plus énergique et plus authentique que la simple loi du talion qui aboutit à multiplier par deux la méchanceté. Contre tout ce qui est immoral, 'j'envisage de recourir à des armes morales et spirituelles. Je ne cherche pas à émousser le tranchant de l'arme que m'oppose le tyran en employant une lame encore plus aiguisée que la sienne. Je m'emploie à désamorcer le ressort du conflit en n'offrant aucune résistance d'ordre physique. Mon adversaire doit être tenu en respect par la force de l'âme. Tout d'abord il sera décontenancé, puis il lui faudra bien admettre que cette résistance spirituelle est invincible. S'il en convient, loin d'être humilié, il ressort de ce combat plus noble qu'auparavant. On peut objecter que c'est là une solution idéale. C'est tout à fait exact".

(Tous les Hommes sont Frères)


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