mardi 20 mars 2012

Après la tuerie de Toulouse…

Le terrible drame de Toulouse rappelle que, tout comme la pollution, la violence est universelle. J'ai la conviction qui ne repose évidemment que sur une intuition, que le massacre de Toulouse tout comme les assassinats de ces malheureux soldats, est le fait d'un fanatique islamiste et non pas d'un tueur en série, affirmation qui me paraît absurde même si elle appartient à l'air du temps.


Tirer sur des enfants juifs, dans un quartier discret de Toulouse, ne peut évidemment être le fait du hasard. Il existe deux sortes d'antisémitisme meurtrier. Celui de l'extrême-droite mais aussi celui des certains antisionistes qui confondent (comme le font d'ailleurs les sionistes) l'état d'Israël, la religion juive et ceux qu'on appelle Juif sans trop savoir s'il s'agit d'une caractérisation religieuse, affective ou "raciale".


L'attitude du tireur est rationnelle dans son horreur. Elle est dénuée d'affectif et elle est volontairement visible (même arme et modus operandi similaire). Elle est donc destinée à faire passer un message. Admettons qu'il ait vraiment porté une caméra. Ce serait alors très vraisemblablement pour filmer ses actes et les transformer en vecteur de propagande. On ne peut en dire plus mais des tueurs seuls agissant au hasard  (ou laissant entendre qu'ils agissent ainsi) peuvent plonger un pays dans le chaos. Le film de Fritz Lang M. le maudit relate la désagrégation d'une micro société germanique sous les coups répétés d'assassinats d'enfants perpétrés par un seul tueur en série. C'est dans l'esprit de Fritz Lang une métaphore avec la montée du nazisme et le besoin de sécurité qui, soudain, au détour de ce qui apparaît comme un fait divers saisit le bon peuple.


Au-delà de l'effroi suscité par cet acte antisémite, il convient pour nous qui abordons la phase critique de notre grève de la faim d'analyser les conséquences de cet acte barbare sur notre mouvement. D'un côté, il éloigne les démons anti-corses qui poussent une partie des journalistes à mélanger la lutte contre le grand banditisme corse, la diffusion de la désastreuse et lamentable nouvelle saison de Mafiosa, le climat délétère créé par l'affaire du Conseil général des Bouches-du-Rhône, les amitiés douteuses du député-maire de Sarcelles etc. D'un autre côté, il ne fait pour moi aucun doute que la tuerie de Toulouse va infléchir la campagne électorale dans un sens sécuritariste. Les candidats vont faire assaut de démagogie, la gauche prétendant que Nicolas Sarkozy a, dans ce domaine aussi, un bilan calamiteux, le candidat-président affirmant qu'il faut aller plus loin dans la répression. Je n'imagine même pas les discours si le tueur s'avère être un militant islamiste. 


FR3 était venu nous filmer à Veru. Le reportage a connu diverses avanies alors que la journaliste avait semblé bouleversée par les propos d'Alain. Nous avons appris qu'en définitive,  l'interview du représentant de la Ligue des Droits de l'Homme avait été coupée, que le passage même du sujet avait posé problème. Puis la diffusion a été remise de jour en jour. Désormais, c'est l'actualité qui joue contre nous. Et nous attendons toujours qu'un journaliste, un seul, se donne la peine de venir sur place pour effectuer une enquête. 


Souvent, les signes qui préfigurent les catastrophes appartiennent à la rubrique faits divers. Ils sont plus parlants que toutes les analyses plus ou moins pertinentes des "spécialistes". Il me semble que la tuerie de Toulouse est l'un de ces signaux d'alarme. En 1986, alors que Jacques Chirac était me semble-t-il Premier ministre, des attentats ont ensanglanté la capitale. Un observateur a fait valoir que ce nous appelions de la barbarie (tuer aveuglément des civils) était alors monnaie courante au Liban que ce soit à cause des bombardements israéliens ou par le truchement des massacres perpétrés par les différentes factions chrétiennes ou musulmanes. Les morts français étaient, dans de telles conditions, un dérivatif pour des hommes fanatisés au point d'oublier le prix de la vie humaine où qu'elle existe. J'ai bien peur que pour un islamiste habitué à provoquer ou accepter la mort de dizaines de milliers de morts en Irak ou en Afghanistan la mort de six malheureux français ne pèse pas plus qu'une plume au vent. Et quand bien même ce drame remue en nous des colères, je pense que l'assassin s'il est capturé devra bénéficier des droits que lui octroie l'état de droit. Ni plus ni moins. Mais là aussi un procès serein et équitable même si aujourd'hui de tels mots semblent difficiles à accepter.


Pourtant nous continuons. Nous avons discuté de tout cela. Nous en avons conclu que nous nous battions aussi, à notre façon, pour que la société fonctionne mieux, qu'on cesse de broyer des individus au nom de l'efficacité oubliant l'humain. Nous continuons donc avec cependant une pensée pour ces pauvres gens abattus un jour de mars 2012. 


Post scriptum à 8 heures du matin : j'avais écrit cet article en pleine nuit. Depuis il semblerait qu'un homme de 24 ans, islamiste militant, soit désigné par les autorités (il faut évidemment être très prudent) comme pouvant être l'assassin. Il était, affirme le ministre de l'intérieur, surveillé par la DCRI, affirmation à double tranchant. Car la conclusion des citoyens pourrait bien être : à quoi sert-il de surveiller un individu si ce n'est pour l'empêcher de passer à l'acte? 

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