J'ai posté cet article car il illustre fort bien les béances de la justice. Voilà un homme qui a toujours nié le crime dont on l'accusait. Mais qui faute d'argent et d'amis a passé 27 ans de sa vie en prison avec un parcours à la Jean Valjean : révoltes, évasions et à chaque fois une augmentation de la peine. S'il revenait aujourd'hui sur terre le grand Victor Hugo serait désespéré. Si ce n'est l'apparence de la modernité, rien n'a changé sous les cieux. Les magistrats font toujours preuve de la même inhumanité tout comme la police et les politiques. Rien ne va mais nous gargarisons de grands termes tels que "La patrie des droits de l'homme, le pays le plus démocratique au monde" autant d'affirmations contredites par une simple étude de la réalité quotidienne.
Abdelhamid Hakkar, un des plus anciens détenus de France, a été relaxé vendredi à Colmar dans une complexe affaire de carte d'identité frauduleuse, dernier épisode du parcours judiciaire hors norme de cet homme qui sortira de prison mardi, après 27 ans derrière les barreaux. Mais comme dirait monsieur Bordenave, il y a beaucoup de personnes dans ce cas. Alors pourquoi se révolter contre une telle situation n'est-ce pas?
Abdelhamid Hakkar, un des plus anciens détenus de France, a été relaxé vendredi à Colmar dans une complexe affaire de carte d'identité frauduleuse, dernier épisode du parcours judiciaire hors norme de cet homme qui sortira de prison mardi, après 27 ans derrière les barreaux. Mais comme dirait monsieur Bordenave, il y a beaucoup de personnes dans ce cas. Alors pourquoi se révolter contre une telle situation n'est-ce pas?
M.
Hakkar, franco-algérien de 56 ans, est incarcéré depuis 1984 pour le
meurtre d'un policier à Auxerre, un crime qu'il a toujours nié. Il était
poursuivi vendredi pour avoir obtenu frauduleusement une carte
d'identité française, un motif apparemment futile mais qui avait
toutefois bloqué une de ses demandes de libération conditionnelle en
2010.
"Je me demande ce qu'on fait là, c'est totalement incongru
mais tout ce qui concerne Abdelhamid Hakkar au plan judiciaire est
complètement hors norme", a souligné son avocate, Marie-Alix
Canu-Bernard.
La présidente du tribunal et la procureur n'ont
d'ailleurs pas fait durer le suspense en affirmant dès le début des
débats qu'elles iraient dans le sens d'une relaxe de M. Hakkar. Son
avocate a malgré tout fait citer deux témoins et plaidé durant de
longues minutes.
"On me refixe cette audience juste avant sa
libération conditionnelle, cela m'a rendue perplexe et j'avais quelques
inquiétudes", a expliqué Me Canu-Bernard.
Abdelhamid Hakkar,
actuellement détenu à Ensisheim (Haut-Rhin), a lui aussi pris la parole
durant l'audience. Ce petit homme fluet portant moustache, qui a
longuement étudié le droit durant sa détention, a montré une bonne
connaissance des questions juridiques, malgré une certaine nervosité.
Sans
surprise il a été relaxé car l'intention frauduleuse dans sa demande de
carte d'identité n'a pu être prouvée. "Merci, bonne journée", a-t-il
dit à la présidente du tribunal après l'énoncé de sa décision.
Sa carte d'identité lui est indispensable pour pouvoir travailler durant sa liberté conditionnelle.
A l'issue de l'audience, M. Hakkar a pu passer quelques minutes avec ses proches venus le soutenir.
Abdelhamid
Hakkar doit sortir de prison mardi. Il sera placé sous bracelet
électronique au sein de sa famille à Besançon et travaillera dans une
association de réinsertion de détenus, où ses connaissances juridiques
lui seront utiles.
Il a été condamné à trois reprises à la
perpétuité pour le meurtre d'un policier à Auxerre en 1984, puisqu'il
avait notamment obtenu de la Cour européenne des droits de l'homme
d'être rejugé après un procès où ni lui ni son avocat n'étaient
présents.
Durant sa détention il aussi été condamné à quatre
reprises pour des tentatives d'évasion. Cela lui a notamment valu de
passer 12 ans à l'isolement et d'être transféré à 45 reprises.
"Au
début il essayait de s'évader, après il s'est battu au niveau
juridique", a noté son avocate, en rappelant les innombrables recours
déposés par son client.
Celui-ci s'était aussi signalé en signant
en 2006 en compagnie de neuf autres détenus de Clairvaux (Aube) un texte
réclamant "le rétablissement de la peine de mort", qu'ils disaient
préférer à la "perpétuité réelle" les faisant "crever à petit feu".
En
2008 il avait également observé une grève de la faim durant 42 jours
pour "dénoncer l'acharnement de la justice française contre lui".
"Cela
fait plus d'une dizaine d'années que rien ne se passe normalement
concernant Abdelhamid Hakkar", a encore regretté Me Canu-Bernard. "Sans
être fan de la théorie du complot, on sait que M. Hakkar n'est pas
apprécié du fait de ses nombreuses procédures. Et il y a encore des gens
qui craignent qu'il sorte, 27 ans plus tard", a-t-elle ajouté.
"Lui ne demande qu'une chose, être paisible pour sa réinsertion", a-t-elle assuré.
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