jeudi 22 mars 2012

Un rendez-vous avec les deux présidents

Sté, le frère d'Alain, a rendez-vous demain avec les deux présidents corses. L'un est radical de gauche  Paul Giacobbi et l'autre est communiste, Dominique Bucchini. Tous connaissent Alain et la famille Orsoni et tous les deux savent très bien la vérité à savoir que toute cette affaire est le fruit d'un montage policier et judiciaire dans le cadre d'une guerre des polices entre d'un côté la DCRI et de l'autre le bloc JIRS et un fragment de la police nationale. Ajoutons-y un zeste d'ambition personnelle de la part de magistrats qui ont demandé un avancement de carrière, un soupçon d'orgueil blessé, une pincée d'arrogance de la part d'Alain qui a toujours refusé de transiger, un appétit dénué de morale de la part de certain(e)s journalistes et voilà la recette Top chef de cette bouillabaisse corso-marseillaise qui nous a menés dans cette grève de la faim.

Paul Giacobbi est un homme remarquablement cultivé, universaliste en même temps que très corse. En même temps, il est d'une intelligence qui souvent tranche sur le côté meute que mes compatriotes exercent avec un grand talent. C'est un dirigeant mais un dirigeant solitaire, le descendant d'une lignée clanique.

Je n'aime guère ce terme qui simplifie à l'extrême une réalité extraordinairement complexe. Il faudrait parler de parti, u partitu, au sens quasiment éthymologique du terme. C'est à la fois la partie d'un tout mais une partie dans laquelle vous vous engagez et qui vous engage. Les membres d'un parti se désignent chez nous comme les amis, i amichi. C'est dire le mélange oxymorien d'affectif et de réfléchi, de hiérarchique et d'égalitaire que tout cela suppose. Le terme de clan est écossais et c'est le journaliste du Temps, Paul Bourde, qui le mit en selle faute de trouver un autre terme reflétant la réalité méditerranéenne de cet ensemble de liens dialectiques unissant le capu partitu à ses affidés. Le terme de capizzonu est souvent employé ironiquement pour décrire celui qui se prend pour ce qu'il n'est pas bien qu'à l'origine le chef de parti était u capizzonu ou u capurali.

Dominique Bucchini est un vieux militant communiste qui n'a jamais renié ses idées de jeunesse. Après avoir exercé le métier d'instituteur à Montreuil-sous-Bois durant des années, il a regagné son Sartenais de naissance. Il est devenu maire de cette ville où avant guerre, i sgiò, les maîtres, faisaient la pluie et le beau temps. Horace de Carbuccia, le patron du journal antisémite Gringoire en était originaire tout comme le ministre Pietri qui collabora avant de se réfugier dans l'Espagne franquiste. Terre de granite, parfois de bandits mais aussi de luttes paysannes, le Sartenais a longtemps voté à gauche à l'inverse de Propriano, la ville côtière du Valincu.

Dominique Bucchini a fini par laisser la place à la droite mais a été élu territorial. Il est devenu lors des dernières élections territoriales le seul président de région communiste. C'est un homme qui affiche une intelligence raffinée, un sens aigu des situations et une belle fidélité à l'égalitarisme social. Il connaît lui aussi Alain et ils s'apprécient.

Ces deux hommes sont intervenus lors de la précédente grève de la faim tenue par Alain alors qu'il était incarcéré pour les mêmes raisons que son fils. Sollicités par la Ligue des droits de l'homme, ce sont eux qui ont permis que le juge relâche Alain tout simplement parce qu'il ne possédait aucun élément à charge et le maintenait en détention au nom de la raison du plus fort.

Quant à Sté, que je connais depuis 2009, c'est un homme d'une quarantaine d'années aussi droit au physique qu'au moral. Il s'est lancé dans la confection de glaces à partir du petit village de Catalunya où il demeure avec sa femme et ses deux filles. Il pratique la course à pied intensive, mange diététique et pense non violence bien loin des préjugés éculés véhiculés par des journalistes comme M. Bordenave. Profondément marqué par l'enlèvement et l'assassinat de son frère dont Alain donne les détails incontestables dans son ouvrage Le maquis ardent, Sté s'est toujours tenu à côtés d'Alain. Il est encore là espérant avec nous tous qu'enfin vont cesser ces épreuves.

Ce rendez-vous est donc important pour ne pas dire décisif car les deux présidents ont la possibilité et la capacité de faire remonter leur légitime inquiétude.

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