mercredi 28 mars 2012

Un jeudi décisif pour un compromis acceptable

Ce jeudi est, je l'espère, notre dernière ligne droite dans ce long parcours du combattant entamé il y a plus d'un mois. Nous allons nous réunir une fois de plus devant la préfecture d'Ajaccio pour affirmer tout à la fois notre détermination et notre volonté d'arriver à une solution acceptable par toutes les parties.


Frédérique Campana a vu hier son fils Guy Orsoni qui a toujours montré la même détermination. Il enrage de devoir être transporté à l'hôpital. Mais il ne peut quasiment plus se déplacer. Nous ne pouvons de notre côté tout à la fois fustiger l'administration pénitentiaire et le juge pour l'avoir renvoyé en prison et les accabler s'ils le retournent dans un hôpital fut-il carcéral. Guy est entré dans une phase psychologique bien connue de celles et ceux qui font la grève de la faim. Le cerveau affaibli par les privations se bloque sur une idée : tenir. Il refuse d'envisager que tant de privations ait pu être consenties pour un résultat qui lui apparaîtrait mineur.


Alain est entré dans le même processus. Il est rempli d'angoisse, d'amertume et de colère. Pierre Jean et moi-même sommes loin d'un tel état et ce pour deux raisons. La première est indubitablement parce que nous ne possédons pas ce lien charnel avec Guy qui est celui d'un fils avec son père ou sa mère. Le deuxième est que nous sommes plongés dans la grève de la faim depuis moins longtemps. Nous avons perdu chacun environ douze kilos. Nous pesions tous les deux 110 kilos environ et Pierre Jean me dépasse de cinq centimètres. J'étais donc celui qui possédait le plus de réserve. Le cerveau est donc correctement alimenté en glycogène.


Pour toutes ces raisons (plus celles liées à nos passés respectifs) je suis un élément modérateur. Cela étant dit, je suis entièrement solidaire de tous ceux qui ont engagé ce combat et je trouverais déshonorant de lâcher serait-ce d'un pouce mes camarades de grève. Il faut que cela soit bien entendu. Je trouve seulement qu'à un moment donné, une fois établie notre détermination, il faut discuter. Et discuter signifie envisager un compromis (ce qui est évidemment différent d'une défaite). Mon point-de-vue (qui pour l'heure est parfaitement individuel) est que la proposition faite par les avocats mais aussi par Michel Tubiana, le président honoraire de la Ligue des droits de l'homme, de la mise en résidence parisienne sous contrôle électronique est une solution parfaitement acceptable par toutes les parties. Elle ne lèse pas la justice si celle-ci s'obstine à considérer Guy Orsoni comme un cavaleur potentiel. Elle peut satisfaire Guy qui, au moins, ne sera plus incarcéré. Elle n'empêche en rien la progression de la justice au rythme qui lui convient. 


Ce n'est certes ce que nous souhaitions mais nous devons tenir compte des rapports de force, de notre épuisement et surtout du fait que Guy se trouve dans un état critique. Notre but est de le faire sortir de prison vivant à défaut d'être debout et non entre quatre planches. 


Ce jeudi vise à affirmer l'existence de cette solution de compromis. Espérons que la justice l'entendra !

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