mercredi 14 mars 2012

Journée de mobilisation


Cette nuit, une fatigue sans limite m'a réveillé. J'ai cru que je mourrais. Dans le demi-sommeil, l'esprit a tendance à se plier à la volonté de ce qu'on repousse durant la journée. L'article du Monde n'a pas atteint notre décision profonde. Mais elle a érodé pour une journée nos espérances. J'ai donc eu les pires pressentiments pour Alain. Je le sens qui dépérit. Et ce n'est pas là une figure de style.

Hier soir j'ai eu Sté son frère au téléphone. Un être magnifique, droit au sens propre comme au figuré. C'est un marathonien et un fervent écologiste. Nous voilà loin de l'image des Corses sanguinaires que véhiculent les Bordenave and Co. Il a été aux côtés d'Alain depuis son adolescence, marquée par l'assassinat et la disparition du cadet Guy dont (hélas) le fils d'Alain a hérité.

Dans Le Marquis ardent, Alain raconte le caractère fusionnel du sentiment qui le liait à Guy, de son atroce désespoir quand en juin 1983, celui-ci a été kidnappé, torturé et exécuté par des membres du grand banditisme qui espéraient vraisemblablement tirer quelques renseignements qu'ensuite ils vendraient à l'état français. Tous ces drames sont là, en ombre chinoise, derrière notre grève de la faim. Et Stéphane a toujours été là. C'est avec lui que nous avons lancé la campagne pour Alain en 2010. Et aujourd'hui il sent que son grand frère va aller jusqu'au bout de son chemin de vie. Il est lui aussi angoissé. Nous avons longuement parlé hier de la tactique à suivre. Nous sommes confiants sur le moyen terme. Mais la survie d'Alain se situe à court terme. Dans dix jours il entre dans un semi-coma qui peut à tout instant s'achever dans la mort. Son père était cardiaque et il est mort à 58 ans. Son grand-père cardiaque est mort au même âge. Du côté de sa mère, les maladies du cœur sont légion. En ce moment Alain trompe sa colère par la cigarette. Et Alain a cinquante-huit ans.

Sté arrive donc de Catalogne pour nous donner un coup de main. Car dans dix jours Pierre Jean et moi-même serons dans l'état d'Alain aujourd'hui : somnolence permanente exigeant de longues phases de sommeil, fatigue extrême etc. De plus en plus de personnes nous soutiennent mais il faut une direction de campagne. Or contrairement à ce que peut dégoiser M. Bordenave, il n'y a pas de clan Orsoni. Il y a des individus décidés qui tentent de mettre en branle des Corses afin d'obtenir justice. Rien de plus rien de moins.

Petit tour familial : hier je suis descendu voir ma femme et mes gosses qui se trouvaient dans un centre hippique et sur un terrain de rugby. Rencontre tout en pudeur. Marianne est inquiète. Mais elle ne le montre pas. Loulea, ma fille, n'avait qu'une idée en tête : nous éloigner du lieu où elle allait rencontrer son amoureux. Elle n'a que douze ans et ils n'en sont qu'aux serments. Ouf !!! Au bout d'une demi-heure je ne tenais plus sur mes jambes et c'est presque avec plaisir que j'ai retrouvé notre antre (vous savez l'ours corse qui selon le grand scientifique Bordenave jeûnerait en hiver en groupe).

En fin d'après-midi mobilisation devant la préfecture d'Ajaccio. Pourvu que nous soyons nombreux, je veux dire trois ou quatre cents !

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