lundi 26 mars 2012

Une grève de la faim pour le respect des principes de justice

Le mouvement que nous avons déclenché avec notre grève de la faim a pris pour dossier exemplaire celui de Guy Orsoni. Aucun d'entre nous ne peut nier que ce choix a été pragmatique et affectif. Pragmatique parce que rien depuis l'enquête jusqu'à l'instruction n'est digne de la justice telle qu'on peut l'imaginer en démocratie. Et ce ne sont pas là de vains mots… 


Le dossier Guy Orsoni est un cas d'école à présenter aux jeunes magistrats. C'est aussi une synergie de déviances officielles qui en disent long sur l'état d'une justice condamnée à obtenir des résultats à n'importe quel prix. Alain Orsoni s'est lancé dans cette bataille - je peux en témoigner - à la fois pour son fils mais aussi par détestation de ces méthodes. Pierre Jean Giudicelli a agi pour les mêmes raison. Quant à moi, il a en va différemment. Je ne connais pas Guy Orsoni et mon amitié pour Alain Orsoni ne m'aurait pas entraîné jusqu'à une action aussi ultime si je n'avais pas été convaincu de son bien-fondé citoyen. Je ne me bats pas sur l'idée que Guy Orsoni est nécessairement innocent, tout simplement parce que je n'en sais rien. Je me bats pour qu'il ait droit à une justice sereine, équitable et donc apaisante.


Mon amitié envers Alain Orsoni tient à des qualités que je lui prête. Mais ces qualités sont liées à la conception que j'ai de l'existence. Je vais donc répéter celles-ci : j'aime les petites gens celles qui se battent au quotidien pour vivre ou survivre. J'ai en horreur le vol ou le crime. Et ce n'est pas parce qu'il existe de grandes canailles qu'il faut encourager la pousse de petites canailles. Je pense que la violence, dans la plupart des cas, est une erreur qui mène droit au mur. Je trouve qu'il est normal qu'il y ait de la répression mais une répression mesurée et éducative. Et quant à choisir entre un magistrat (honnête s'entend), un policier (honnête également) et un voyou je choisis sans hésiter les deux premiers. 


Lorsque je m'inscris dans la lignée des militants pour les droits de l'homme, j'analyse le crime comme une négation de ces droits. Mais je n'accepte pas que le concept de crime soit défini par ceux qui possèdent tous au détriment de ceux qui n'ont rien. Toutefois la pauvreté ne saurait excuser des comportements déviants. Tout au plus les explique-t-elle. Ce qui amène pour les réduire à les considérer avec réflexion de manière à être le plus efficace possible. La répression tous azimuts n'arrive le plus souvent qu'à un seul résultat: renforcer le mal et endurcir l'adversaire.


Notre grève de la faim a donc, dans mon idée, la vocation a désigner un mal aussi grand que le crime, celui qui est commis par des hommes chargés de pacifier la société. À la limite le patronyme d'Orsoni ne m'intéresse pas comme pour mon grand-père celui de Dreyfus, la personnalité de ce dernier, son parcours n'avaient guère d'importance. Il était la victime d'une terrible injustice. Il fallait qu'il fut défendu. 


La mentalité méditerranéenne se prête mal à ce type de bataille principielle. C'est pourtant la mienne et je me fiche de savoir si je suis apprécié par la totalité de mes compatriotes. Tel est mon point-de-vue et je le défends en mettant dans la balance ma santé. Je possède donc une légitimité à agir comme je le fais. Et j'ai dit à mes co-grévistes que je n'aurais jamais participé à un mouvement qui aurait utilisé la violence comme mode d'action. Dernier point et non des moindres : si la justice apporte des preuves convaincantes de la culpabilité de Guy Orsoni, j'estimerai que la grève de la faim serait alors hors de propos et je la cesserai immédiatement. J'aiderais alors mon ami Alain Orsoni mais certainement pas de la même manière.

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