Me revoilà dans mon
village d'adoption ! J'ai d'abord accompagné les enfants à l'école comme
je le faisais avant la grève de la faim. Je me suis efforcé durant tout le
week-end d'adopter une attitude normale et rassurante. Mon petit garçon Aloys
est tout émerveillé de pouvoir enfin faire le tour de ma taille avec ses petits
bras. Comme quoi la JIRS n'a pas que du mauvais ! Marianne également me
trouve plus mince. Encore une fois, merci Juge Choquet. Le régime amaigrissant
JIRS mieux que la méthode Dukan ou Montignac !
J'ai un moral d'acier. Je
ne sais pas pourquoi je me suis levé ce matin en étant persuadé qu'au bout du
compte nous allions gagner. Cela va être difficile, pénible mais nous allons
gagner. La presse commence à parler de la visite que nous ont rendue les
représentants de la Ligue des Droits de l'Homme et de la Fédération
Internationale des Droits de l'Homme. Une conférence de presse est prévue le 28
mars dans les locaux même de la LDH à Paris. Elle sera présentée par le
Président Honoraire Michel Tubiana. Les avocats vont devoir montrer le meilleur
d'eux-mêmes : les faits rien que les faits. Pas de discours généraliste.
Tel est le credo de la Ligue des droits de l'homme créée faut-il le rappeler
quand faisait rage l'affaire Dreyfus.
J'ai eu quelques échos
quant à la manière dont avait été "confectionné" l'article du Monde.
Le journaliste a travaillé avec un a priori dramatique. Rien de pire que ces
journalistes qui se prennent pour des justiciers et, à défaut d'être des
enquêteurs se font juge, bourreau et exécuteur. Le pire est que certains
d'entre eux professent des idées progressistes. Quel naufrage ! Avoir dans
sa jeunesse lutter pour une société plus juste et se retrouver à faire la queue
sur un banc le lundi matin pour recevoir de la main d'un policier ou d'un
magistrat un bout de dossier destiné à accabler des présumés innocents.
Je pense que tout
effondrement sociétal connaît le même accablant constat : cela commence
par de petits affaissements de la part de journalistes, de magistrats. Puis la
gangrène gagne et le corps social tout entier est dévoré de l'intérieur. J'ai
eu la chance et l'honneur d'avoir pour Professeur Pierre Vidal-Naquet qui,
durant la guerre d'Algérie, combattit sans concession l'usage de la torture. Il
me racontait comme des magistrats tels que le juge Batigne facilitèrent le
travail des tortionnaires institutionnels permettant que la torture saute la
Méditerranée et s'installe dans les commissariats français. Et il fut des
journalistes pour trouver qu'au nom de la lutte contre le terrorisme, il
fallait fermer les yeux sur ces méthodes indignes. Vidal-Naquet, qui avait
plastiqué par l'OAS, eut le courage et la dignité de lutter contre la torture
appliquée alors aux militants de l'extrême-droite. C'est ainsi que je vois le
travail des Justes. Il ne consiste pas à juger les gens en fonction de leur
passé mais d'appliquer des principes.
Le journaliste du Monde
n'a tout simplement pas fait son travail qui exigeait qu'il enquêtât à charge
et à décharge en exposant des faits vérifiés et recoupés et non à se livrer à
des insinuations basées sur des rumeurs.
Alain est de plus en plus
épuisé. Il commence à avoir du mal à tenir un raisonnement sur de longue durée.
Nous arrivons doucement au point culminant quand chacun devra faire des choix.
Guy et Alain vont être les premiers d'entre nous à passer dans la zone
dangereuse. Pour Pierre Jean, deux semaines supplémentaires seront nécessaires
et trois pour moi. Nous nous sommes jurés de ne pas flancher. Ne serait-ce que
pour montrer à tous les petits plumitifs que le courage est de notre côté. Nous
avons des convictions que nous exposons sans violence sinon celle que nous nous
infligeons.
Aucun d'entre nous n'a peur
de l'avenir. Alain me disait au début du mouvement que tout se passait dans la
tête. Il a entièrement raison. La sensation de faim a disparu depuis longtemps.
Et nous vivons cette expérience comme l'une de ces luttes que tout homme digne
de ce nom doit mener pour tenir sa condition humaine. Je le dis sans aucune
forfanterie : les conséquences sont minimes par rapport à la fierté que je
ressens de mener ce combat. Le reste ne dépend plus de nous mais de la manière
dont les autorités réagiront en tenant compte d'un fait essentiel n'en déplaise
à M. Bordenave. Le dossier de Guy Orsoni est totalement vide de tout indice. Et
c'est ce qui fait notre force.
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