mercredi 21 mars 2012

On va gagner…

Je n'ai toujours aucune inquiétude quant à l'issue de notre combat. Cette nuit, je me suis réveillé et je suis resté allongé sur mon lit à réfléchir. La somnolence causée par la fatigue, la privation de nourriture et le manque de sommeil permet paradoxalement d'atteindre un niveau d'objectivité que je n'ai pas connu en "bon état". Les autorités doivent être persuadées de notre totale détermination. Et il faut qu'elles n'aient aucun doute. Aucun d'entre nous n'est prêt à lâcher. Je vais me répéter mais nous n'éprouvons pas de peur. Nous trouvons simplement le temps long. Nous voudrions presque que nos corps résistent moins et montrent plus de signes de faiblesse. Nous n'avons aucune connaissance de ce qui peut être discuté au plus haut niveau. Mais l'information est remontée. Il y a tout lieu de croire qu'on teste notre détermination.

Pourtant je ne crois pas que nous détenions toutes les cartes loin s'en faut. Notre principal atout est, ainsi que je l'ai déjà écrit, le vide absolu du dossier d'accusation. Les autorités savent qu'il va falloir à un moment donné rendre des comptes objectifs. On peut toujours utiliser des articles tels que celui du Monde. Cela n'a qu'un temps. Il suffira qu'à un moment donné un journaliste, un seul fasse son travail en dépassant l'émotionnel pour qu'on nous donne raison. Or le pouvoir politique sait que ce moment se rapproche et qu'il aura nécessairement lieu. Dans de telles conditions, faut-il prendre le risque d'endosser la responsabilité majeure concernant le décès d'un ou des grévistes de la faim? Les erreurs ou plutôt les errements du dossier d'Outreau ont fini par se retourner contre les magistrats. Dans notre cas, le juge Choquet est le bouc émissaire tout désigné. Mais il faudra bien constater que le procureur Dallest a non seulement couvert l'entêtement du magistrat instructeur mais, plus, l'a encouragé. Il faudra bien que la Chancellerie dûment prévenue par le Préfet et vraisemblablement par les services de Renseignement s'explique sur ses atermoiements.

Enfin et pour moi c'est l'essentiel, je me sens très lumineux dans ma tête parce que je n'ai aucun doute sur le bien-fondé de notre action. J'ai raison de me battre pour le respect du principe de la présomption d'innocence, contre l'incarcération préventive conçue comme une forme de torture mentale, contre les abus des juridictions d'exception. Cela dépasse l'amitié que j'ai pour Alain et le simple cas de Guy Orsoni. J'ai le sentiment d'être dans un courant qui préfigure l'émergence de la conscience individuelle au service du bien commun. Parce que je me suis indigné je me suis révolté. Je sais que mon geste, que notre geste ne transformera pas le monde. Mais si chacun d'entre nous fait entendre sa voix et se comporte avec justesse dans sa vie quotidienne, alors nous changerons le monde tout simplement parce que nous aurons regardé le monde autrement.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire