dimanche 11 mars 2012

Je me sens si proche du Tibet

Il y a bien longtemps déjà je me militais sur Paris au Comité pour le Tibet. La Terre des Seigneurs, mon premier ouvrage, avait édité par Lieu Commun qui était également l'éditeur du Seigneur du Lotus blanc de Claude Levenson qui dressait un portrait du Dalai Lama. J'avais alors eu l'immense honneur de rencontrer ce dernier lors de son passage à Paris. Très paradoxalement, j'avais trouvé surprenant sa banalité lumineuse. Je l'avais à nouveau rencontré sur l'aéroport de Digne. Il était venu se recueillir sur la tombe d'Alexandra David-Neel. 


J'avais ensuite participé à une conférence de presse au Parlement en faveur d'une nonne, Ngawang Sangdrol, emprisonnée depuis plusieurs années par la dictature chinoise. C'est l'excellent Phillippe Broussard, alors grand reporter au Monde, qui avait révélé le sort atroce fait à cette jeune femme du seul fait qu'elle avait protesté contre la présence Han. Il en avait tiré un livre impeccable, Ngawang Sangdrol la prisonnière de Lhassa (Documents, Stock).


J'avais participé à des manifestations protestant contre la répression en 1995. Images terribles de ces moines lynchés par la soldatesque chinoise. Puis il y a eu l'année 2008 avec ses centaines de morts, ses milliers de disparus… Tout cela dans l'indifférence générale, intérêt économique oblige. Aujourd'hui des moines et des nonnes s'immolent en public. Les raisons : la privation totale de liberté et la sinisation forcenée du Tibet. Cela a pour conséquence un ethnocide mais aussi un pillage systématique des richesses de ces hauteurs sur lesquelles naissent tous les grands fleuves asiatiques. 


Quant à la culture tibétaine elle est niée sans nuance aucune. L'une des raisons du soulèvement actuel est l'obligation pour les élèves tibétains de n'apprendre que le chinois. Tout dernièrement, à Rebkong, dans le Qinghai, des collégiens tibétains ont protesté le 7 mars quand ils ont découvert que les manuels scolaires de la rentrée n'étaient qu'en chinois – plusieurs manifestations d'écoliers avaient déjà eu lieu dans la même région en octobre 2010.


Donc ce samedi matin, je me sens tout proche de ces Tibétains qui affrontent l'une des dictatures les plus perverses au monde car elle se sent soutenu par les régimes démocratiques au nom du réalisme écomique. Je reprendrai le clavier plus tard pour parler de mon état. Là durant ces minutes, ce n'est pas pour moi l'essentiel et il serait indécent de parler de mon sort.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire