mercredi 28 mars 2012

Une claustrophobie corse



La cour d'appel de Bastia a ordonné aujourd'hui l'indemnisation, plutôt que la titularisation, de 45 anciens employés en contrat à durée déterminée d'Air France en Corse, au contraire des décisions de première instance.

La chambre sociale de la cour d'appel reconnaît que ces contrats étaient illégaux, les requalifiant en CDI, a expliqué leur avocate, Me Pascale Vittori. "Malgré cela, les juges ont choisi la voie de l'indemnisation et les 45 contractuels ne seront donc pas titularisés".


 Selon l'avocate, qui a rencontré les intéressés à huis clos mercredi, l'indemnisation individuelle accordée s'élève en moyenne à 10.000 euros.

Les représentants de la CGT ont aussitôt annoncé des actions, peut-être dès vendredi, sans cependant en donner le détail en attendant la tenue d'une réunion jeudi.
"S'il faut faire un été pourri, on le fera", a prévenu Albert Malausse, délégué CGT Air France. "Il faut que ceux à l'origine de ce jugement en paient les conséquences, nous sommes prêts à une lutte sans faille, illégale sûrement, et jusqu'au-boutiste, car cette décision est aberrante".




Le conseil de prud'hommes d'Ajaccio avait ordonné fin septembre la titularisation de 28 employés en CDD, et celui de Bastia avait rendu un jugement identique en octobre pour 17 autres. La compagnie était alors condamnée à verser plusieurs millions d'euros d'astreintes pour non-application de ces jugements.
Mon sentiment est paradoxal. Je pense que les Indignés d'Air France ont raison et je suis de tout cœur avec eux dans leur combat pour un emploi. Mais, à leur corps défendant, ils sont au milieu d'un conflit qui les dépasse. Air France, en situation financière calamiteuse, a décidé de "rentabiliser" ses destinations. Elle ne veut donc pas pratiquer de nouvelles embauches par peur que celles-ci fassent tâche d'huile. La CGT a mené seule le combat l'isolant souvent des autres forces sociales. Mais quand bien même une jonction aurait eu lieu il aurait fallu que le combat des Indignés soit relayé sur le continent. J'ai moi-même constaté à quel point cela n'était pas le cas. 
La CGT, pour toute réponse, menace de pourrir l'été. J'ai soudain le sentiment en habitant en Corse d'être sans arrêt pris en otage par des luttes qu'on nous impose sans tenter de les faire partager. J'ai signé la pétition pour les Indignés d'Air France sans qu'on vienne m'expliquer le sens de la lutte. Aujourd'hui la CGT doit trouver d'autres moyens pour lutter que de "nous pourrir l'été" ou de nous faire payer le prix d'un refus qui n'est évidemment pas celui de la société corse.


Demain, ce sont les employés d'Air France qui bloquent la Corse, après demain les marins de Marseille, le surlendemain les employés d'une société de transport de carburants. C'est épuisant et c'est contre-productif. Nous finissons par tous être habités par un terrible sentiment d'enfermement. Entre la violence, les assassinats, les blocages, les citoyens vont finir par aspirer à un ordre autoritaire qui sera pour eux l'équivalent de la tranquillité. Je suis d'accord pour participer à des actions de soutien aux Indignés. Mais qu'ils se donnent les moyens de convaincre la population, d'organiser des manifestations bref de faire en sorte que chacun d'entre nous ait envie de descendre dans la rue pour les défendre.

Vivre dans une île comporte souvent beaucoup d'inconvénients : coût du transport, marchandises plus rares, coût de la vie. Si en plus nous sommes régulièrement coincés sur notre petit rocher nerveux à tout bout de champ, qu'on ne s'étonne pas si les forces vives de l'île choisissent à la moindre occasion le départ pour le vaste continent. Il se fera en catimini dans un mélange de chagrin et de honte. Mais il se fera.


Parfois il me vient l'envie du grand large. Partir, respirer à pleins poumons un air neuf… Ne plus réfléchir en termes paranoïaques sur qui nous aiment et qui nous détestent. Parfois j'ai 
envie de ne plus être référencé comme Culioli, corse mais simplement pour ce que je suis.


Ce sentiment de claustrophobie me fait parfois m'enfoncer dans la boue locale. Je perds mes repères et j'écris n'importe quoi contre les journalistes. Je m'emmêle les crayons dans la cause que je poursuis (les fameux principes sur la présomption d'innocence) et les impressions (j'ai hier mélangé à propos de Chaussat, supposé, membre de la Brise de Mer la mise en examen et sa possible culpabilité). J'ai eu tort et je vais éliminer cet article qui devait rester au stade du brouillon. La claustrophobie ou comment s'en sortir. Elle nous rend fou, idiot, contradictoire. Je veux m'échapper.

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